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Palmarès 2019 des leaders à l’international : Socomore

 

 

 

 

 

 

 

Frédéric Lescure a fait de cette PME de dimension régionale une ETI à rayonnement international qui livre des produits de traitement de surface aux plus grands spécialistes de l’aéronautique comme Airbus et Safran. Il développe aussi en toute confiance des partenariats dans le monde entier.

 

Les chiffres clés

• CA 2018 : 28,1 M EUR (Progression par rapport à 2017 : +7,8 %)

• CAI 2018 : 11,5 M EUR

• Variation du CAI 2018/2017 : +8,1 %

• Part de l’international dans le CA : 41 %

• Effectif : 260 salariés

 

Critères de sélection

Récompense un manager et/ou entrepreneur visionnaire ayant mis en place une stratégie de développement export de long terme et des structures (direction Export, agents, distributeurs, bureaux à l’étranger…), qui recueille les fruits de cette stratégie avec une croissance à l’export de sa société en 2018 d’au moins +10 % par rapport à 2017. Part du CA à l’international d’au moins 30 %. Le Moci privilégie des entreprises à capitaux français, patrimoniales (le dirigeant est aussi le principal actionnaire, voire le fondateur).

Autres nommés pour ce prix : Waga Energy, Devisubox.

 

 

Après douze ans passés chez Saint-Gobain (matériaux) et Smurfit (emballages), Frédéric Lescure a décidé en 1998 de voler de ses propres ailes, en reprenant un spécialiste des produits de traitement de surface dans l’aéronautique, la société Socomore, basée à Vannes, dans le Morbihan.

« Je dirigeais depuis cinq ans une filiale de Smurfit à Rennes, la Cartonnerie de Maurepas. C’est ma femme qui a rédigé ma lettre de démission, laquelle a été déposée le 13 décembre 1997 », se souvient le petit-fils de Louis-Frédéric Lescure, l’inventeur de la cocotte-minute et le créateur de Seb.

« Dès avant mon départ, je cherchais à reprendre une entreprise répondant à trois critères : active dans l’industrie, opérant en B to B et fabriquant des consommables comme chez Saint-Gobain », précise ce patron de 59 ans au franc-parler.

Soutenu au début par le fonds d’investissement Siparex, auquel il « tire un coup de chapeau pour sa confiance », Frédéric Lescure a depuis fait entrer dans le capital de Socomore – tout en restant majoritaire – Bpifrance, Crédit Mutuel-CIC, les sociétés d’investissement Raise et ACE (qui gère le fonds Aerofund dans l’aéronautique).

« Ce sont des chieurs bienveillants », n’hésite-t-il pas à qualifier ses partenaires et les administrateurs de la société. Selon lui, « ce sont des chieurs, parce qu’ils vous permettent de ne jamais prendre les choses pour acquises. Et, tant que les remarques sont bienveillantes, alors la confiance demeure ».

Grâce à leur soutien, la PME qui affichait 3 millions d’euros (21 millions de francs) de chiffres d’affaires à sa reprise avec 27 salariés, devrait réaliser 65 millions à la fin de l’année, avec 260 salariés. De simple société de dimension régionale (Nantes Saint-Nazaire), Socomore est ainsi devenue une entreprise de taille intermédiaire (ETI) à vocation internationale, avec une vingtaine de filiales ou unités de production dans le monde, y compris des laboratoires de recherche en Amérique du Nord, à Vancouver (Canada) et Fort Worth (États-Unis). Parmi les derniers partenariats signés, en août dernier, l’américain Pantheon Chemical lui a vendu les droits pour les ventes dans le monde d’une gamme de solutions sans chrome pour l’aéronautique.

Avant d’entrer dans la vie active, Frédéric Lescure était ce qu’on appelle un « cancre ». Les « Jésuites m’ont sauvé et j’ai eu mon Bac », se souvient-il. Le jeune homme de 20 ans est alors entré à l’École de commerce Neoma (Cesem) à Reims, dont le cursus de quatre ans (1981-1985) lui a permis de voyager deux ans à l’étranger et de se frotter au modèle anglo-saxon, avant d’entrer comme simple vendeur chez Saint-Gobain. Responsable des Ventes à partir de 1989, poussé par sa femme, il a repris ses études, obtenant ainsi entre 1989 et 1991 le troisième cycle de la célèbre université d’Harvard.

Tout le long de son parcours, Frédéric Lescure s’est efforcé de se remettre en cause pour appendre. Preuve en est en 2015 son adhésion à la première promotion de l’accélérateur PME de Bpifrance, suivie en 2018 de sa participation à la promotion de l’accélérateur ETI de la banque publique. « Si on se met en mode apprentissage, à tout moment il y aura toujours un truc à récupérer », assure le président de Socomore.

La connaissance a toujours été pour lui un levier qui s’ajoutait à un véritable don d’initiative. À 18 ans, il avait fondé une boîte de nuit événementielle, à l’occasion du Grand Prix de France, en s’inscrivant comme commerçant au Tribunal de Dijon. Il a aussi vendu de la confiserie pâtisserie sur une plage de nudistes. Ce goût de la fête ne l’a pas quitté, si l’on en croit l’approche Humbly enthusiastic développée en interne. « Être super enthousiaste et rester à sa place. Mais reconnaître aussi ce que l’on fait de bien. Alors on fait la fête », explique Frédéric Lescure.

C’est, d’ailleurs, avec enthousiasme, qu’il est parti la première fois à l’international. C’était en 1999 au Canada pour un rendez-vous chez Bombardier à Montréal. « Le responsable qui devait me recevoir avait oublié et se trouvait à Las Vegas, raconte le patron de Socomore. J’ai dit à sa secrétaire – cette dame était livide – que ce n’était pas grave et que je reviendrai. J’ai bien fait, car, quelques heures plus tard, je recevais un fax. On a refait par la suite une réunion et ce responsable m’a fait confiance ».

À l’international, c’est surtout grâce à Airbus et Safran que Socomore a pu orienter son vol vers les autres grands avionneurs. « Nous sommes des sangsues sous leurs ailes. Avec eux, on a été dans le monde entier. Quand vous êtes fournisseurs de premier rang d’Airbus, toutes les portes s’ouvrent, même chez Boeing, qui est devenu un gros client », se félicite Frédéric Lescure, également vice-président du Comité Aéro-PME du Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales).

La confiance, c’est le maître mot. « À l’international, je me pose deux questions, confie Frédéric Lescure : à qui je peux faire confiance comme partenaire et avec qui je peux aller vite ? ». Il n’a jamais « eu d’entourloupe ». Bien que « faux Breton », à l’étranger, il lui suffisait de « dire Kenavo » et de « demander l’Association des Bretons » où il se trouvait pour découvrir « les sachant locaux, les bons avocats… ». Pour lui, « cet écosystème est plus puissant que Business France ».

Frédéric Lescure préside encore le business club professionnel international Aerochemicals qu’il a fondé en 2000 pour développer le partenariat entre spécialistes dans les créneaux où ils ne sont pas concurrents. « Sur 90 % de leurs activités, les membres parviennent à travailler ensemble, qu’ils soient russes, allemands, anglais, français, américains, brésiliens ou chinois. Et, pour notre part, nous réalisons la moitié de notre chiffre d’affaires au sein du club », dévoile le dirigeant tricolore.

Le partage entre membres s’étend aux coopérations industrielles. Si Socomore possède des usines en propre (France, Irlande, Amérique du Nord…), d’autres font l’objet de partenariats (Brésil, Chine…). Parfois, l’ETI vannetaise est actionnaire, parfois elle investit en louant des mètres carrés. Parfois encore, elle loue du personnel. Les formules varient.

Ainsi, en 2001, Socomore et l’américain Contec ont lancé ensemble une gamme de lingettes pré-imprégnées de solvant afin d’aider leurs clients à diminuer l’impact sur l’environnement et améliorer les conditions de travail dans leurs ateliers.

Socomore produit aussi pour Contec et vice-versa, ce qui évite d’investir lourdement dans des unités de production. De fait, le coût d’une usine pour une PME ou ETI peut-être particulièrement élevé. Il peut franchir la barre des 10 millions de dollars et aller jusqu’à 15 millions.

Au sein d’Aerochemicals, Socomore a aussi trouvé des opportunités de rachat. « Comme on apprend à s’y connaître, certains membres du club qui voulaient se vendre sont venus vers nous, parce qu’ils avaient confiance. C’est une vraie pouponnière », se réjouit Frédéric Lescure. Résultat : acteur moyen avec 10 % sur un marché d’environ 1 milliard d’euros, face à quatre mastodontes (PPG, 3M, Henkel, BASF) – 80 % du marché ensemble – et une myriade de petits – 10 % du marché – Socomore parvient à grappiller
des savoir-faire très spécifiques, des métiers pointus. En cinq ans, l’ETI a procédé à onze acquisitions.

Frédéric Lescure préside aussi Breizh Lab, l’association de maillage des entreprises de la French Tech et de la French Fab en Bretagne. « Les copains de mes copains de mes copains sont mes copains », résume le petit-fils de Louis-Frédéric Lescure. Cet « ambassadeur plénipotentiaire autoproclamé de la French Fab » évoque aussi volontiers ses « racines ». « Le portrait de mon grand-père est sur mon bureau et mon portable. Et quand j’ai un problème, je lui demande conseil. Et il me répond toujours », glisse le patron de l’ETI bretonne.

Le petit-fils du créateur de la cocotte-minute ne relâche pas la pression. Recherche et développement (R&D), compétition et marge sont ainsi dans son viseur. Vis-à-vis de ses clients, Socomore doit, selon lui, disposer d’un outil de recherche et développement aussi performant que celui de ses grands concurrents. C’est pourquoi 5 millions d’euros sont aujourd’hui injectés dans un centre de R&D de plus de 1 800 m2
à Vannes. « Un bon investissement est indispensable pour faire au final une bonne marge », justifie Frédéric Lescure. L’innovation, n’est-ce pas le nerf de la French Fab. Et la certitude de réussir !

François Pargny

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