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Relations bilatérales : le retour des entreprises françaises est attendu

Bénéficiant d’un contexte favorable grâce au rôle clé de la France dans la sortie de crise, les entreprises françaises ne doivent pas pour autant se croire en terrain conquis…

« La France connaît intimement la Côte d’Ivoire. En même temps, elle n’a pas tous les moyens techniques et financiers qui lui permettraient de tout faire. Notre intérêt est donc de s’associer avec tout le monde pour préserver notre place centrale », assure Jean-François Bijon, le chef du Service économique à Abidjan. 
« D’ailleurs, poursuit-il, certains de nos concurrents sont tout à fait conscients que pour pénétrer le marché ivoirien, nous sommes une porte d’entrée privilégiée ». En juillet dernier, l’Agence japonaise pour la promotion du commerce extérieur (Jetro) a piloté une mission d’entreprises à Abidjan. « Ses responsables nous ont signifié leur souhait de travailler avec la France », se félicite Jean-François Bijon. 
Hasard des calendriers, la délégation japonaise était présente à Abidjan, alors que Medef International et l’Adepta (Association pour le développement des échanges internationaux de produits et techniques agroalimentaires) y organisaient une mission d’entreprises du 2 au 6 juillet. Quelques 70 entreprises, dont de grands noms comme Thales, Alcatel Lucent ou Colas, y étaient représentés. 

La France dispose sur place d’une image très positive. Du chauffeur de taxi au jeune chef d’entreprise ivoirien, chacun s’accorde à reconnaître le rôle positif de la France dans l’arrêt des combats meurtriers de 2011. “Je vous exhorte à accélérer votre retour et vos investissements” avait lancé le président Alassane Ouattara aux patrons français lors de sa visite officielle en France fin janvier 2012. 

Mais cette empathie ne signifie pas pour autant que le terrain commercial est conquis d’avance. « Aujourd’hui, le président Alassane Ouattara voyage beaucoup à l’étranger. Le gouvernement veut absolument attirer des IDE (investissements directs étrangers) », fait remarquer Wayne Camard, le représentant résident du Fonds monétaire international (FMI). Le chef de l’Etat ivoirien s’est ainsi rendu en Chine. « Pékin a promis une ligne de crédit de deux milliards de dollars, rappelle Jean-François Bijon. En outre, la Chine a marqué son intérêt pour les ressources naturelles de la Côte d’Ivoire et n’hésite pas à jouer de son soutien politique pour aider ses entreprises intéressées par les grands projets ». 

Le secteur financier est un exemple de cette ouverture vers d’autres horizons. « Le Maroc et le Nigeria ont pris des positions », confirme Jean-Luc Ruelle, senior partner chez KPMG Côte d’Ivoire. En juin dernier, la Banque centrale populaire du Maroc a conclu un accord de partenariat avec Atlantic Financial Group, la maison mère de la Banque Atlantique Côte d’Ivoire, qui porte sur sept pays de la région, dont la Côte d’Ivoire. Fin 2010, c’était la compagnie d’assurance Colina qui passait dans l’escarcelle du groupe marocain Saham. La Banque marocaine du Commerce extérieur (BMCE) contrôle aussi le groupe Bank of Africa (BOA) et la Société ivoirienne de banque (SIB) est affiliée au groupe chérifien Attijariwafa Bank. En avril dernier, la Garanty Trust Bank du Nigeria a ouvert une filiale, rejoignant ses compatriotes United Bank of Africa (UBA), Access Bank et Diamond Bank. Les chasses gardées sont bien révolues… Et le prochain forum d’affaires organisé par Ubifrance (14-17 octobre) est bienvenu pour relancer l’intérêt des entreprises françaises, en particulier des PME, que certains trouvent encore trop frileuses pour ce marché en reconstruction. Elles pourront aussi s’appuyer sur les marchés publics qui seront générés par le conséquent Contrat de désendettement et de développement (CDD) signé entre la France et la Côte d’Ivoire (voir page suivante) à condition, là aussi, de faire des offres attractives. 

F. P.

Bolloré gèrera le deuxième terminal à conteneurs à Abidjan

Bolloré Africa Logistics n’aura pas tardé pour annoncer l’obtention au consortium qu’il forme avec APMT et Bouygues du contrat de gestion du second terminal à conteneurs du port d’Abidjan. Une concession d’une durée de 21 ans importante pour le groupe de Vincent Bolloré, qui veut rester le maître incontesté de la logistique portuaire en Afrique de l’Ouest. Les trois partenaires, qui promettent d’investir environ 450 millions d’euros, doivent aussi construire un terre-plein de 35 hectares et installer divers équipements, notamment trois portiques de quai et dix portiques de parcs électriques. 
Le nouveau terminal, qui sera mis en service en 2016, devrait accueillir des navires pouvant transporter au moins 8 000 conteneurs chacun. Le 12 juin dernier, à un moment où le gouvernement semblait donner la préférence à un consortium concurrent, Vincent Bolloré avait indiqué que son groupe investirait 230 millions d’euros sur cinq ans en Côte d’Ivoire. 

F. P.

Les exportations françaises profitent de la reprise

Deuxième exportateur en valeur absolue derrière le Nigeria, la France occupe, en revanche, la première place hors hydrocarbures. Elle devance aussi largement la Chine et l’Inde.
« Les ventes de la France devraient continuer à progresser, mais sans doute à un rythme moins élevé que la progression des importations globales de la Côte d’Ivoire », prévoit Jean-François Bijon, le chef du Service économique à Abidjan.
 
Après une année noire en 2011, due à la crise politique, le commerce extérieur de la Côte d’Ivoire a repris de ses couleurs. C’est ainsi que ses importations ont augmenté de 57,7 % pour s’élever à près de 7,5 milliards d’euros en 2012.
 
D’après notre partenaire, la base de données GTA/GTIS, les principaux bénéficiaires de la montée des importations ont été les premiers pays fournisseurs, à savoir le Nigeria (+ 73,6 %), la France (+ 66 %) et la Chine (+ 68,7 %). Grâce notamment à une envolée de ses livraisons de céréales, l’Inde (+ 135,9 %) s’est hissée 
du sixième au quatrième rang aux dépens de la Colombie (+ 52,2 %) et surtout de la Thaïlande (- 10 %), qui a perdu deux places, en raison d’une chute de ses ventes de céréales, et se trouve désormais talonnée par les États-Unis (+ 115,2 %).
Premier exportateur en Côte d’Ivoire, avec un montant supérieur à 1,9 milliard d’euros, le Nigeria livre quasi exclusivement des hydrocarbures.
 
Numéro deux avec environ 931 millions d’euros, la France se caractérise par une forte diversité de secteurs. Ils sont cinq à représenter près de 53 % du total : céréales (+ 26,8 %), mécanique (+ 134,9 %), pharmacie (+ 38,8 %), matériel électrique (+ 64,7 %) et automobile (+ 149,5 %). 
Le Nigeria disposait ainsi l’an dernier d’une part de marché de 25,7 %, la France de 12,4 % et la Chine, auquel le Gabon a acheté pour 549 millions d’euros de marchandises, de 7,3 %. Près de 20 % des importations en provenance de Chine étaient composées du matériel électrique, environ 11 % de machines, chaudières et d’appareils mécaniques et 7,4 % de véhicules automobiles.
 
F. P.


Aide au développement : le CDD, possibilités de contrat dans six secteurs


Le Contrat de désendettement et de développement (CDD), financé par la France, est une opportunité pour les entreprises tricolores d’obtenir des contrats. Voici comment il va fonctionner.


Signé entre la Côte d’Ivoire et la France, il totalise 630 millions d’euros sur trois ans (2012-2015) et sera destiné à soutenir des projets de développement concrets. Le système, « inventé par la France », est simple, explique Jean-François Bijon, le chef du Service économique à Abidjan : l’Etat africain rembourse sa dette à l’Etat français, le montant de cette dette étant ensuite réinjecté dans l’économie ivoirienne sous forme d’investissements projets. Côté français, c’est l’AFD (Agence française de développement) qui assure le suivi des opérations. « Ce sera essentiellement de l’aide projet qui sera décaissée à partir de 2013 », précise Anne-Lise Reve, chargée de mission pour la Côte d’Ivoire et le Liberia au bureau de l’AFD à Abidjan. Côté ivoirien, chaque ministre sera maître d’ouvrage. Il pourra, néanmoins, déléguer. Ainsi, la maîtrise d’ouvrage des routes sera confiée à l’Agence nationale de gestion des routes (Ageroute). 
Le principe de base pour l’attribution des marchés est l’appel d’offre ouvert. En cas d’appel restreint par exemple, la Direction des marchés publics, qui assure le contrôle des appels d’offres, et l’AFD devront donner une autorisation préalable.

Le gouvernement ivoirien a souhaité que le CDD colle aux priorités du Programme national de développement (PND), qui court jusqu’à la fin du mandat (fin 2015) du président de la République, Alassane Ouattara. La France intervient ainsi dans plusieurs secteurs : transport (138,5 millions), développement urbain-eau-assai-nissement (126 millions), agriculture-développement rural (112 millions), éducation-formation (93 millions), santé (70 millions) et justice (23 millions).
 
Agriculture : l’approche filière a été retenue, mais toutes les productions ne sont pas structurées comme le coton ou l’hévéa. Le CDD a été prévu pour : aider les fédérations professionnelles à s’organiser, abonder un fonds pour la recherche et le conseil, aménager des pistes de desserte, accompagner l’essor de la culture attelée, construire des barrages hydro agricoles, et développer une politique foncière. Les infrastructures de communication – routes, grosses pistes rurales, voies ferrées – devront aussi être réhabilitées. « La rénovation du rail est essentielle. Pensez que les trains de la Sitarail circulent à la vitesse de 15 kilomètres à l’heure au départ d’Abidjan vers le Burkina Faso », pointe Anne-Lise Reve.
 
Education, formation insertion : « Il s’agit clairement de soutenir la politique nationale, ce qui passe, par exemple, par une meilleure régulation des flux, par une réforme des collèges de proximité ou encore la rénovation de l’enseignement technique et professionnel en partenariat avec les branches professionnelles », détaille Anne-Lise Reve. Dans le cadre de la coopération française, l’association française Codifor (Coopération développement industriel formation), dépendant de l’UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie), coopère déjà avec la CGECI ivoirienne (Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire) et la FIPME (Fédération ivoirienne des petites et moyennes entreprises).

L’Institut national polytechnique Houphouët-Boigny (INPHB), l’école d’ingénieurs située dans la capitale Yamoussoukro, fera l’objet d’une rénovation complète. « Les murs, les équipements et la pédagogie », précise Anne-Lise Reve. Les universités ne seront pas oubliées. L’Etat a déjà lancé des projets de rénovation et d’extension. Mais il s’agit aussi de doter les établissements de petits équipements et de systèmes informatiques. L’emploi étant évidemment une priorité du président ivoirien, des fonds seront aussi dévolus à l’apprentissage et à l’insertion rapide. Dans ce domaine, la Banque mondiale est déjà très active avec le Projet emploi jeune et développement des compétences (Pejedec). 

F. P.


Appels d’offres : une prime à l’emploi


« Les entreprises françaises doivent garder à l’esprit que l’emploi est une priorité dans un pays où le taux de pauvreté dépasse 50 % », insiste Anne-Lise Reve chargée de mission pour la Côte d’Ivoire et le Liberia au bureau de l’AFD Abidjan. 
D’où l’avantage qui sera accordé à celles qui incluront dans leurs offres des activités à haute intensité de main d’œuvre. De façon concrète, elles obtiendront des points supplémentaires lors du dépouillement des offres.


Proparco envisage d’investir entre 100 et 150 millions d’euros


Etabli à Abidjan, le bureau de Proparco pour l’Afrique de l’Ouest (hors Nigeria) devrait engager entre 100 et 150 millions d’euros en Côte d’Ivoire cette année. « En 2012, ce sont 126 millions qui ont été investis, au lieu de seulement 10 millions en 2011 », précise Julien Lefilleur, représentant régional Afrique de l’Ouest de la filiale pour le secteur privé de l’Agence française de développement (AFD).

Le 18 octobre dernier, la Société financière internationale (SFI) et Proparco annonçaient avoir mobilisé près de 350 millions de dollars pour le financement de la troisième tranche de la centrale thermique d’Azito, dont 125 millions pour la SFI et 55 millions pour la filiale de l’AFD, chef de file des institutions de financement bilatérales européennes (165 millions). Selon les deux partenaires, quelque 450 millions d’investissements étrangers seront injectés dans ce projet, qui génèrera ainsi environ 1 000 gigawatts d’électricité supplémentaires par an. 
Dans l’agro industrie, Proparco a ciblé l’huile de palme, le sucre, l’hévéa et pourrait s’intéresser à la transformation du cacao et de l’anacarde. Dans le secteur financier, la filiale de l’AFD a signé un accord de garantie de 7 millions d’euros avec la société de crédit-bail Alios Finance. L’établissement français met encore à la disposition des banques des lignes de crédit, à l’instar de celle de 40 millions d’euros qu’elle a accordé au groupe Ecobank. Il est aussi actionnaire du holding Bank of Africa (BOA), actionnaire et administrateur de la Bicici (BNP Paribas) et participe à quatre grands fonds d’investissement (Cauris, Afric Invest, ECP et I & P).
 
Enfin, Proparco a dégagé 25 millions d’euros pour la Nouvelle société interafricaine d’assurance (NSIA), propriété de l’homme d’affaires Jean Kacou Diagou, également président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI). « Nous cherchons encore à dynamiser les marchés financiers, à travers la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) », indique Julien Lefilleur. 

F. P.

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