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La France veut se renforcer dans ce pays en croissance

De fait, il y a la version officielle, celle du Premier ministre français, dans son discours devant les étudiants d’Universitas Indonesia, le 1er juillet : « La France souhaite aujourd’hui être l’un des tout premiers amis de l’Indonésie ». Et puis, la version officieuse, par Carole Cunisset, chef du bureau Ubifrance en Indonésie : « Le gâteau est énorme. » 

Le gâteau, ce sont les 240 millions d’Indonésiens dont le produit national brut vient de passer la barre symbolique des 300 dollars par an. « Il y a une bulle de 60 millions de personnes en Indonésie qui achètent des biens de consommation comme des fous », souligne Alain-Pierre Mignon, le président de la Chambre de commerce et d’industrie franco-indonésienne. Pour cette classe moyenne émergente, qui vient voir et se faire voir dans les centres commerciaux huppés de Djakarta, la dépense est à la mode, entre voitures avec chauffeur, sacs Vuitton et téléphones dernier cri. Portée par la demande intérieure, l’Indonésie affiche une croissance de 6,1 % en 2010 et n’entend pas s’arrêter là. Le président Susilo Bambang Yudhoyono a dévoilé en mai dernier un plan de développement visant 9 % d’expansion en 2025, ce qui placerait l’archipel à parité avec la Chine et l’Inde. 

Parallèlement, les investissements étrangers en Indonésie atteignent un sommet historique, avec plus de 16 milliards de dollars injectés en 2010. Mais la France est à la peine : avec une part de marché de 1 %, elle se hisse au 13e rang seulement des fournisseurs étrangers, loin derrière les pays asiatiques comme la Chine ou Singapour. Et le commerce bilatéral n’a toujours pas retrouvé son niveau d’avant la crise asiatique de 1998.

Par ailleurs, le nombre des entreprises françaises implantées en Indonésie stagne. Il s’est stabilisé autour de la centaine, sans réelle poussée depuis dix ans. « On sent un regain d’intérêt depuis début 2011 et la visite de Christine Lagarde. Nous avons de plus en plus de demandes spontanées », tempère Carole Cunisset. Pour donner un nouvel élan à la coopération franco-indonésienne, un accord-cadre de partenariat stratégique a été signé à l’occasion de la visite de François Fillon, qui place l’Indonésie au même niveau que la Chine, l’Inde ou le Japon en matière de relations bilatérales. Plusieurs déclarations 
d’intention, non contraignantes, ont été signées dans les secteurs de l’énergie et des matières premières, du tourisme, de l’enseignement supérieur et de la muséologie. Il faudra aller plus loin pour atteindre l’objectif affiché : le doublement des échanges entre l’Indonésie et la France d’ici cinq ans. 

Les limites de la Réserve pays émergents
Si la France affiche ses ambitions en Indonésie, elle ne se donne pas toujours les moyens de les mener à bien. Les entrepreneurs français présents à Djakarta regrettent la baisse de l’enveloppe Réserve pays émergents (RPE). Ce dispositif, par lequel la France prête au gouvernement indonésien pour des projets d’infrastructures, permet des financements à très faible taux d’intérêt. Mais sa dotation globale est passée récemment de 800 millions à 400 millions d’euros. « Il faut faire attention à ce que les financements suivent. Je vais m’atteler à débloquer des lignes budgétaires pour l’Indonésie », assure Pierre Lellouche, le secrétaire d’État au Commerce extérieur. Mais en période d’austérité budgétaire, rien n’est moins sûr.

Vincent Souriau, à Djakarta

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