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Dossier Cameroun 2016 : de grands travaux pour booster l’économie

S’appuyant sur la résilience dont il a fait preuve ces trois dernières années, le Cameroun se projette déjà sur les trois prochaines. Malgré les réserves du FMI, il est décidé à entamer de grands investissements dits de deuxième génération.

 

Le Cameroun se trouve à la croisée des chemins en matière de politique économique. Le gouvernement se prépare à proposer un programme économique triennal (2017-2019) qui s’appuie sur la poursuite des investissements massifs dans les infrastructures. Seulement, le Fonds monétaire international (FMI) est réservé au regard du contexte économique en berne en Afrique subsaharienne et particulièrement en Afrique centrale, où la croissance ne devrait pas atteindre les 2 % en 2016, selon la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Cette question a fait l’objet d’une discussion entre l’émissaire de l’institution de Bretton Woods et le ministre camerounais de l’Économie. La détermination de Louis Paul Motaze, qui est celle de l’ensemble du gouvernement, repose sur les risques de tassement économique encourus par le pays dans l’hypothèse d’un arrêt des grands projets. Mario de Zamaroczy, du FMI, invoque l’endettement du Cameroun.

Actuellement à 27 % du PIB, selon les calculs de la Caisse autonome d’amortissement (CAA), organisme chargé de gérer la dette, cette dernière se chiffrait à juillet 2016 à 4 754 milliards de FCFA, soit environ 7,2 milliards d’euros. Trop peu, réagissent les autorités camerounaises au regard du critère de convergence Cemac (Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale) qui fixe le plafond à 70 %. « D’ailleurs, soutient le ministre de l’Économie, un pays comme la Côte d’Ivoire est à 45 % de taux d’endettement, mais sa croissance est à 8 % ».

Depuis la fin de son dernier programme avec le Fonds monétaire international (FMI) en 2009, le Cameroun a adopté un document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), cadre de référence de l’action gouvernementale (2010-2020), qui a servi à mettre en œuvre un programme d’investissements dits structurants. La première phase de ses projets dits première génération s’achève progressivement. Le barrage de retenue d’eau de Lom Pangar, les barrages hydroélectriques de Memve’ele et de Mekin ou encore le port en eau profonde de Kribi, les entrées ouest et est de Douala, la capitale économique, réalisées par Sogea Satom et Razel, deux entreprises françaises, sont presque terminées. Sont encore en cours les autoroutes Yaoundé-Douala et Yaoundé-Nsimalen ou le second pont sur le Wouri, construit par Sogea Satom.

Pour le gouvernement, ce sont ces investissements et la diversification de l’économie camerounaise qui ont construit la résilience du Cameroun pendant les trois dernières années, marquées par deux chocs exogènes : la chute du cours du baril et l’insécurité, certes maîtrisée, dans les Régions de l’Extrême-Nord et de l’Est. En effet, le pays est passé d’une croissance régulière du PIB de 3,3 % en 2010 à 5,9 % en 2014 et 5,8 % en 2015. Le FMI table sur une croissance en 2016 à 4,8 % là où le gouvernement maintient son chiffre à 5,6 %. Pour l’année 2017, le Premier ministre Philemon Yang a fixé les prévisions de croissance à 6 %, alors que le Fonds la voit à 4,2 %. « La différence tient au fait qu’à Bretton Woods on anticipe un ralentissement de l’économie alors que notre combat est justement de l’éviter », confie une source gouvernementale. Pour s’en convaincre, les autorités brandissent le ballet des audiences que le chef de l’État Paul Biya a accordées aux investisseurs en octobre et novembre 2016.

Dans une tribune libre publiée en septembre 2016 dans la presse, Louis Paul Motaze a tracé la voie du futur économique du pays. « Les grands projets de première génération atteindront, d’ici à 2018, leur point d’achèvement. 2020 est le début d’un nouveau phasage de la mise en œuvre de notre Vision de développement à l’horizon 2035. Entre les deux périodes, subsistent des trous qui doivent impérativement être couverts, tels les investissements dans l’infrastructure du numérique, parachever certaines voies de communications indispensables pour relier les zones de production aux marchés », a-t-il indiqué. Le gouvernement est, à cet égard, en train d’établir la liste des prochains grands projets à mener. Il s’agit par exemple des autoroutes Douala-Limbe et Douala-Buea, d’un troisième pont sur le Wouri, du projet touristique de Yoyo dans le sud du pays, d’une estimation financière de 1 000 milliards de FCFA, soit 15 milliards d’euros*, du port de Limbe et de nouvelles lignes de chemin de fer. Le groupe français Bolloré s’est déjà proposé pour l’axe ferroviaire Edéa-Kribi, ville qui abrite un port en eau profonde dont Bolloré est co-concessionnaire du terminal à conteneurs, et même la ligne Ngaoundéré-Kousseri, ville frontalière avec N’Djamena, la capitale tchadienne.

Pour le financement de ces projets, le gouvernement compte procéder à des emprunts. Seulement pour l’année 2017, il est budgétisé 585 milliards de F CFA de prêts projets. La formule pour la réalisation et le financement des investissements est de sélectionner les entreprises par paire, l’une pour les travaux et l’autre pour l’apport financier. C’est ce qui a été expérimenté pour la construction des stades de football d’Olembe à Yaoundé et de Japoma à Douala. Dans le premier cas, l’entreprise de construction est turque, sur un financement de l’Eximbank Turquie. Dans le second cas, c’est Piccine, qui a été choisie, et les fonds viennent de la banque italienne Intesa Sanpaolo. Ces gros investissements, bien que trustés par les grandes entreprises, laissent une place importante aux PME, y compris étrangère. Par exemple, la réhabilitation du stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé a été confiée à l’entreprise égyptienne Arab Contractors, mais c’est une PME française, Alcor, qui a réalisé la pose des sièges et l’aménagement de la salle de presse, fait observer Patrick Bassom, chargé de développement à Business France.

Le programme d’investissements envisagé par le gouvernement est donc un gisement d’opportunités de contrats pour les entreprises nationales et étrangères. D’autant que ce choix s’accompagne de réformes annoncées dans la passation de marchés publics dans le but d’en lever les barrières procédurières, notamment réduire les délais d’examen des offres. Et également dans la maturation des projets, qui fait souvent défaut et devient source de nombreux retards. L’idée est de n’admettre un projet au stade de la demande de financement que lorsque les conditions administratives et techniques sont déjà remplies. Une chose est de le dire, une autre est de le faire.

Parfait Siki à Yaoundé et Douala

*1 euro = 655,857 FCFA

 

Chiffres clés
Superficie : 475 442 km2
Population : 22,5 millions d’habitants en 2015
Produit intérieur brut (PIB) en 2015 : 33,6 milliards de dollars
Agriculture : 22 % du PIB
Premier producteur africain de bananes : 260 000 tonnes exportées essentiellement en Europe
Production de cacao : 230 000 tonnes en 2015 (objectif : 600 000 à l’horizon 2020)
PIB par habitant : 1 251 dollars en 2015
Croissance du PIB : 5,8% en 2015
Inflation : 2,7% du PIB en 2015
Importations de biens : 7,1 milliards de dollars en 2015
Exportations de biens : 4,8 milliards de dollars en 2015
Dette publique : 27% du PIB
Sources : Ministère des Finances, Institut national de la statistique, FMI, Banque mondiale

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