La croissance des pays asiatiques devrait renouer avec un certain dynamisme en 2023, malgré un ralentissement plus important que prévu de celle de la Chine, selon les dernières prévisions de la Cnuced (Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement) publiées le 3 octobre.
Alors que l’Asie enregistrait en moyenne 4,7 % de croissance au cours des cinq années ayant précédé la crise, l’édition 2022 du rapport Cnuced sur le commerce et le développement, table sur une hausse de 3,5 % cette année (contre 3,8 % en mars dernier) et de 4,1 % en 2023. Ce taux est inférieur de 0,9 point de pourcentage au taux prévu dans le rapport de l’année dernière et globalement conforme à sa mise à jour de mars. A titre de comparaison, le PIB mondial augmentera de 2,6 % en 2022 et de 2,2 % en 2023.
Selon l’institution onusienne, « une confluence de facteurs – y compris une augmentation significative des prix des matières premières importées de la région, ainsi qu’un ralentissement de la demande mondiale pour les exportations de la région et un resserrement des conditions monétaires internationales – pèse sur la croissance dans toute la région ».
Forte décélération de la Chine
Après une hausse de 3,5 % en 2021, l’Asie de l’Est (Chine, Japon, Corée du Sud), particulièrement influencée par la santé de l’économie de la Chine, devrait pâtir du ralentissement de cette dernière. Après un rebond à 8,1 % en 2021, le PIB chinois ne devrait en effet croître que de 3,9 % en 2022 et de 5,3 % en 2023. En cause, des confinements beaucoup plus stricts qu’attendu, en lien avec la politique zéro-Covid menée par Pékin.
En Corée du Sud, malgré une réévaluation de son taux de croissance de 1,7 % à 2,2 %, l’inflation et l’endettement élevé des ménages, devraient donner un coup de frein à la consommation. La Cnuced estime cependant que l’inflation étant principalement importée, l’impact du resserrement sur les prix devrait être limité. 2023 devrait voir une baisse de la demande extérieure, ainsi qu’un essoufflement de la consommation et des investissements en raison de politiques budgétaires plus restrictives. Le PIB devrait augmenter de seulement 2 %.
Celui du Japon a été revu drastiquement à la baisse pour 2022 (1 % contre 2 % prévu initialement en mars) et plafonnera à 1,8 % l’an prochain.
La croissance de l’Asie du Sud-Est devrait atteindre 3,8 % en 2023
L’activité de l’Asie du Sud-Est, qui a bénéficié de la stratégie « Chine + 1 » mise en place par les investisseurs étrangers pour contrer le repli de l’Empire du Milieu, ne devrait pas se démentir en 2022. Après une hausse de 0,3 % entre 2021 et 2022, de 3,8 % à 4,1 %, le PIB de la région devrait fléchir à 3,8 % en 2023, avec une prévision néanmoins revue à la hausse de 0,7 % depuis mars.
La Cnuced impute cette décélération à celle, générale, de la demande mondiale, à un resserrement des politiques monétaires, ainsi qu’à la vulnérabilité historique de la région à l’instabilité financière et des taux de change. Enfin, l’Inde, qui avait enregistré un des plus forts taux de croissance en 2021 (8,2 %), devrait elle aussi connaître un ralentissement de son PIB cette année (5,7 %) et en 2023 (+ 4,7 %).
Dans un contexte particulièrement instable, établir des prévisions économiques est un exercice pour le moins périlleux. Mais l’Asie ne devrait pas échapper à l’instabilité qui règne actuellement sur le monde. « Bien que la région asiatique ait affiché des taux de croissance relativement dynamiques au cours de la dernière décennie, elle n’est en aucun cas à l’abri de cette détérioration des conditions mondiales », prévient la Cnuced.
Sophie Creusillet