A l’équilibre en 2003, le solde commercial de la France s’est détérioré pour atteindre un déficit record de – 74 milliards en 2011 avant de s’améliorer en 2012 pour revenir à – 61 milliards en 2013. Cette évolution résulte de l’alourdissement de la facture énergétique et de la détérioration du déficit manufacturier, notamment dans l’automobile ainsi que l’informatique / électronique, indiquent les Douanes dans une étude publiée le 7 avril.
La moitié du creusement du déficit provient de l’accroissement de la facture énergétique qui est passée de – 23,2 milliards d’euros en 2003 à – 62,3 milliards en 2011, devant la multiplication par quatre des prix du pétrole en dollar (28,8 dollars par baril en 2003 à 111 dollars par baril en 2011).
La dégradation du solde manufacturier hors industries agroalimentaires et pétrole raffiné explique le reste de la détérioration du déficit commercial. Encore excédentaire en 2003 (+ 7,2 milliards), le solde industriel devient déficitaire en 2005 et se creuse jusqu’en 2011 (- 40,2 milliards). Les deux tiers de la détérioration viennent de l’automobile et de l’informatique / électronique.
L’automobile perd son avantage comparatif, la téléphonie tricolore est concurrencée par la Chine
Le solde des véhicules automobiles, excédentaire en 2003 de + 12,6 milliards, a affiché un déficit de – 5,3 milliards en 2011. Le recul de la production automobile des constructeurs français en France, au bénéfice d’usines implantées à l’étranger, explique au moins en partie cette évolution, selon les Douanes. Ainsi, l’automobile qui était un des avantages comparatifs de la France en 2003, est un désavantage depuis 2007.
Le secteur de l’informatique et de l’électronique, pour sa part, voit son déficit doubler au cours de cette période passant de – 7,8 milliards en 2003 à – 16,3 milliards en 2011. Cette dégradation concerne essentiellement les produits de la téléphonie et de l’électronique grand public, désormais fabriqués et importés principalement d’Asie, Chine en tête.
Par ailleurs, la hausse du prix des matières premières contribue également à la dégradation des soldes de certains biens intermédiaires entre 2003 et 2011, notamment celui des métaux (- 6,5 milliards, contre – 1 milliard), des caoutchoucs, plastiques et verre (- 5,2 milliards, contre – 0,8 milliard), ainsi que des produits chimiques de base et des fils et tissus.
L’aéronautique, les parfums et l’agroalimentaire génèrent des excédents
En revanche, les excédents se sont consolidés dans les points forts de la spécialisation industrielle française. Ainsi dans l’aéronautique, l’excédent a atteint 17,2 milliards d’euros en 2011, contre + 8 milliards en 2003. Du fait de la bonne tenue des ventes, les parfums, qui comptent parmi les fleurons du luxe français à l’export, ont dégagé un excédent de 8,5 milliards d’euros en 2011 contre + 5,6 milliards en 2003. Quant à l’excédent enregistré par les produits agricoles et agroalimentaires (céréales et boissons notamment), il s’est lui aussi amélioré au cours de la période 2003-2011 passant de + 8,3 milliards d’euros à + 11,4 milliards.
Une éclaircie apparaît dans le paysage en 2012, année où le déficit commercial français se ressaisit de façon notable, pour revenir à – 61,2 milliards en 2013. La réduction du déficit, soulignent les Douanes, tient exclusivement à l’allègement du déficit manufacturier, qui est revenu à – 25,2 milliards en 2013, après – 40,2 milliards en 2011. Pour certains produits, la réduction du déficit manufacturier entre 2011 et 2013 s’explique par le recul des importations dans un contexte d’atonie de la demande intérieure, de reflux des prix des matières premières industrielles et d’appréciation du taux de change effectif réel de l’euro. C’est le cas notamment de l’informatique et de l’électronique, des machines industrielles et agricoles, ainsi que des produits métallurgiques et métalliques.
V. A.