Alors que la réouverture du pays devrait aller de pair avec une reprise de la consommation domestique, cette dernière demeure incertaine, estime l’assureur-crédit français, qui table sur un retour à la normale de l’économie chinoise au deuxième trimestre.
Très attendue, notamment par les entreprises étrangères qui ont misé de longue date sur l’essor du marché intérieur chinois, la fin de la politique zéro-Covid ne rimera pas forcément avec une frénésie de consommation. « Si la réouverture de la Chine devrait être positive pour les perspectives de consommation, son impact sera progressif et peut-être limité », estime Coface.
Si Pékin a levé les restrictions sous la pression de la rue fin décembre, la récente flambée de cas de Covid-19 n’a pas fini de perturber l’économie chinoise. Le pic de la vague actuelle devrait atteindre son plus haut mi-janvier, mais une deuxième vague devrait déferler depuis les grandes villes de l’Est vers l’intérieur de terres à la faveur du Nouvel An (le 25 janvier) que les Chinois n’ont pas pu fêter en famille depuis le début de la pandémie.
Les dépenses des ménages au point mort
Cette flambée de contaminations attendue dans les zones rurales devrait atteindre un point haut début mars. En attendant, la réduction de la main d’œuvre disponible a affecté la production et la logistique. La croissance de la production industrielle a ainsi nettement diminué pour atteindre 2,2 % en novembre et les délais de livraison se sont fortement allongés.
En outre, en partie en raison de la baisse de la demande mondiale, le chômage a encore augmenté fin 2022 : en novembre dernier il atteignait 5,7 %. Résultat : la consommation est en berne. « Les ventes au détail ont ainsi stagné au cours des 11 premiers mois de 2022 », rappelle ainsi Coface qui prévoit le maintien d’un taux de chômage élevé en 2023.
Peu enclins à consommer et inquiets pour leur avenir, les Chinois conservent un taux d’épargne élevé (40,3 % du PIB au troisième trimestre 2022) qui, combiné à un patrimoine net en baisse, grève leur revenu disponible. En outre, l’endettement des ménages est important. « Celui-ci a doublé par rapport à la décennie précédente (62 % du PIB en 2022 contre 30 % en 2012), limitant les possibilités de consommation par effet de levier », analyse Coface.
Vers la mise en place de mesures de soutien à la consommation ?
La consommation pourrait cependant bénéficier d’un coup de pouce gouvernemental. « Des mesures de relance de la consommation, telles que les bons d’achats, pourraient donner une impulsion plus forte aux dépenses des ménages. » Obsédées par la notion de stabilité, les autorités chinoises ont récemment laissé entrevoir de possibles initiatives en ce sens.
Mi-décembre, le Comité central du Parti communiste chinois et le Conseil des affaires d’État ont en effet publié un document fixant « les objectifs à long terme pour la mise en œuvre de la stratégie d’augmentation de la demande intérieure de 2022 à 2035 ». Pour l’heure, aucune mesure concrète n’a toutefois été annoncée…
Dans un tel contexte, Coface prévoit une normalisation progressive de l’activité économique en mars avant une reprise plus solide à partir du deuxième trimestre 2023. Selon un récent sondage de 49 économistes réalisé par l’agence Reuters, le taux de croissance devrait atteindre + 4,9 % en 2023, contre + 2,8 % l’an passé, bien en deçà de l’objectif de 5,5 % qui s’était fixé Pékin.
Sophie Creusillet