A la faveur de la réouverture du pays et de la fin de la politique « zéro-Covid », l’optimisme est revenu dans les entreprises travaillant avec la Chine. D’autant que les comportements de paiement interentreprises s’y améliorent, selon un sondage de Coface auprès de 1000 professionnels. Revue de détail.
La tendance à l’amélioration des comportements de paiement des entreprises en Chine est nette dans les résultats du sondage de Coface : la part des entreprises déclarant des retards de paiement a chuté de 53 % pour 2021 à 40 % pour 2022 et le retard de paiement moyen est passé de 86 à 83 jours sur la même période.
Si le poids de la crise sanitaire et les répercussions de la politique « zéro Covid » ont encore joué en 2022, l’inflation mondiale déclenchée par la guerre en Ukraine a également pesé sur les finances des entreprises. Ainsi, d’après le sondage, 30 % des entreprises interrogés (tous secteurs confondus) ont indiqué que la hausse des prix des matières premières était la principale raison des retards de paiement, contre 23 % en 2021.
Autre tendance positive : la part des entreprises confrontées à des retards de paiement ultra-longs (ULPD) est également en baisse, une bonne nouvelle lorsqu’on sait que 80 % de ces ULPD ne sont jamais payés au final et qu’une entreprise est en danger dès lors que leur part dépasse le seuil des 2 % du chiffre d’affaires.
Ainsi, après une explosion en 2021, 64 % des répondants signalant de tels retards, la proportion est tombée à 36 % soit « la plus faible depuis 2016 », précise Coface.
Toutefois, le délai de paiement moyen s’est légèrement détérioré, de 77 à 81 jours entre 2021 et 2022. Cette détérioration peut s’expliquer, selon Coface, par l’allongement des délais négociés par les entreprises du fait du contexte de crise, ce qui expliquerait aussi la légère baisse des retards.
Dans ce contexte, plusieurs secteurs sont à surveiller.
Chimie, bois, construction à surveiller
D’une manière générale, les délais de paiement en Chine restent longs : rares sont ceux où les échéances négociées s’approchent des 60 jours (la chimie : 61). De plus, même si la tendance est à l’amélioration, les retards sont assez élevés dans tous les secteurs.
La chimie est le secteur le plus affecté par ces retards hors norme que sont les ULPD : 34 % des répondants signalent des ULPD dépassant 10 % du chiffre d’affaires avec ce secteur, soit une progression de 8 points par rapport à 2021.
Le secteur du bois est également très exposé : le nombre de répondant déclarant des ULPD est passé de 0 % à 20 % entre 2021 et 2022. Les entreprises du secteur ont également signalé une augmentation du montant des arriérés à 40 % (33 % en 2021).
Chine : les comportements de paiement par secteur
(en nombre de jours)Chimie
Echéances négociées : 61 (72 en 2021)
Retards : 84 (80)Bois
Echéances négociées : 75 (70)
Retards : 69 (60)Agroalimentaire
Echéances négociées : 75 (55)
Retards : 65 (88)Construction
Echéances négociées : 77 (84)
Retards : 96 (109)TIC
Echéances négociées : 77 (86)
Retards : 87 (85)Pharmacie
Echéances négociées : 78 (75)
Retards : 66 (70)Commerce détail
Echéances négociées : 78 (76)
Retards : 78 (88)Métallurgie
Echéances négociées : 81 (82)
Retards : 74 (90)Automobile
Echéances négociées : 81 (77)
Retards : 91 (69)Energie
Echéances négociées : 87 (76)
Retards : 89 (90)Textile
Echéances négociées : 90 (65)
Retards : 78 (78)Transport
Echéances négociées : 94 (98)
Retards : 81 (99)Papier
Echéances négociées : 95 (102)
Retards : 85 (80)TOTAL
Echéances négociées : 84 (78)
Retards : 83 (86)
Autre secteur sous tension, la construction, qui continue à afficher les retards de paiement les plus longs avec 96 jours, largement au-dessus de la moyenne. Une répercussion de la phase de « correction » sévère que traverse le marché immobilier. « Après une politique stricte avec des règles de financement plus restrictives envers les promoteurs immobiliers, le gouvernement chinois a assoupli sa position fin 2022, avec un important programme de mesures » souligne Coface. Mais cet assouplissement mettra du temps à produire des résultats.
Les autres secteurs affectés par un allongement des retards dont l’automobile (à 91 jours) et les TIC (à 87 jours).
84 % des répondants misent sur une forte reprise
Le retour à l’optimisme est cependant de mise après la réouverture du pays. Coface prévoit d’ailleurs une accélération de la croissance du PIB chinois cette année, avec un taux se situant entre 4 % et 5 %.
« En ce qui concerne les mois à venir, les répondants sont de plus en plus optimistes quant aux perspectives économiques des 12 prochains mois, le gouvernement chinois ayant abandonné sa politique zéro-Covid fin 2022, commente Bernard Aw, économiste pour la région Asie-Pacifique chez Coface, cité dans le communiqué. La part des entreprises s’attendant à une croissance économique plus forte est ainsi passée de 68 % en 2021 à 84 %. »
Les entreprises anticipant une amélioration des ventes sont ainsi passés de 44 % à 50 % et celles qui prévoient une amélioration des flux de trésorerie sont passés de 27 % à 49 %.
C.G
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