S’il manquait une thématique transversale forte à la cinquième édition d’Ambition Africa, qui s’est déroulé le 17 octobre au ministère de l’Economie et des finances, les différentes tables rondes sectorielles ont néanmoins été traversées par des appels à travailler de manière plus étroite et partenariale avec les entreprises africaines. Avec des exemples concrets. Tour d’horizon dans différents secteurs.
Une certaine forme de paternalisme : telle est la critique régulièrement formulée à l’adresse des entreprises françaises présentes sur le continent africain. Pourtant, à en croire celles venues témoignées de leurs activités à ce forum d’affaires, les esprits sont en train d’évoluer. Coconstruction, cogestion, cofinancements, coproduction… L’heure est désormais aux relations « gagnant-gagnant ».
C’est le cas dans l’agroalimentaire. « Il y a une nécessité d’aller vers plus d’inclusion, confirme Marc-Antoine Chancerelle, directeur de l’international chez Panzani. Le modèle qui reposait sur l’export pur est dépassé et il doit aujourd’hui être hybride. Il fait créer de la valeur en Afrique pour l’Afrique. » La marque produit ainsi de longue date des pâtes alimentaires au Cameroun avec un partenaire locale alors que les sauces continuent d’être importées de France.
En 2005, le groupe local Cadyst a racheté la filiale camerounaise de Panzani, créée en 1965. « Aujourd’hui nous avons des projets de partenariats pour produit localement au Maroc », précise le dirigeant.
Le partenaire local, clé d’accès au marché
Même son de cloche dans la grande distribution. « En Afrique, la première chose que nous faisons est de chercher un partenaire local qui a une connaissance intime des besoins des locaux, témoigne Jean-Denis Deweine, directeur du développement d’Auchan, présent au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en Tunisie. L’idée est de proposer une offre de produits locaux autour de nos propres produits, puis de produire ces derniers sur place. C’est un processus qui s’implémente avec le temps. Le premier défi est de trouver dans le tissu industriel local des entreprises vers lesquelles transférer les capacités d’exécution du cahier des charges. Le choix d’ouvrir le marché algérien à la fin de cette année ou début 2024 tient beaucoup au tissu agroindustriel du pays qui s’est beaucoup développé ces dernières années. »
Autre critère du choix du partenaire local du distributeur tricolore : sa capacité à former des équipes et à les faire monter en compétence. En Algérie, l’entreprise avec laquelle travaille Auchan ouvre une école de formation au retail, le commerce de détail. Pour Fahd Bennani, directeur des filiales européennes de T-man (Damane Europe et Etablissements Bidaut), groupe marocain connu pour sa marque de thé Sultan, « la culture et l’interculturel sont très importants en cela qu’ils facilitent les affaires ».
« Il y a entre la France et le Maroc un pont culturel qu’il est très difficile à défaire. Les CEO marocains parlent et pensent en français, ce qui rend le business plus fluide, s’enthousiasme le dirigeant. Dans une relation « win-win », il y a deux gagnants et j’observe une vraie prise de conscience à l’heure actuel dans l’écosystème du commerce international. »
Sophie Creusillet