L’économie
russe se remet lentement de la récession de 2008-2009, mais reste en deçà des
taux de croissance observés avant la crise, selon le dernier rapport de l’OCDE sur la Russie.
Une stagnation qui, conjuguée à une corruption rampante et à une inflation persistante,
entretient la désillusion des citoyens russes à l’égard de leurs dirigeants.
« De l’ordre de 4 %, le taux de
croissance tendanciel est insuffisant pour tirer pleinement parti des
possibilités offertes par les ressources naturelles dont est richement dotée la
Russie », souligne l’Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE) dans sa dernière étude économique consacrée à la Russie. Un
coup d’arrêt après presque une décennie de forte croissance. Entre 2000 et 2008,
le PIB russe a augmenté en moyenne de 7,2 % par an, selon le FMI, permettant
l’éclosion d’une classe moyenne avide de consommation.
Cette bonne
santé de l’économie russe est loin d’avoir profité à tous. Si le taux de
chômage est resté relativement bas, même pendant la crise, de fortes inégalités
de revenus se sont dessinées, note le rapport de l’OCDE. En outre, « le soutien apporté aux chômeurs,
qu’il s’agisse de la générosité de l’assurance-chômage ou des mesures
d’activation, est faible par rapport à celui accordé dans les pays de
l’OCDE ». Fragilisée par ce coup d’arrêt de la croissance, la classe
moyenne est également confrontée à la hausse des prix. « La Russie enregistre encore des taux d’inflation qui sont
nettement supérieurs à ceux observés dans les pays avancés et relativement
élevés parmi les économies à revenus intermédiaires», note l’Organisation. L’inflation
devrait en effet atteindre 5,7 % cette année.
Mais, à la
différence ce qui s’est passé au printemps dernier dans les pays arabes, ce ne
sont pas des manifestations contre la vie chère qui ont actuellement lieu en
Russie. La colère des manifestants est avant tout dirigée contre les conditions
dans lesquelles se sont déroulées les élections législatives du 4 décembre. Les
pancartes des manifestants disent également leur exaspération face à la
corruption, un fléau qui empoisonne le quotidien des citoyens et des
entreprises, nationales ou étrangères.
Publié le 1er décembre par Transparency international, l’index de perception de la corruption (IPC)
2011 classe la Russie au 143ème rang sur 182, derrière le Nigeria et
devant le Timor oriental. « Un point
problématique à cet égard réside peut-être dans le fait que la présence de
rentes de ressources naturelles, qui est un des piliers sur lesquels reposent
la corruption, s’est fortement renforcée depuis une dizaine d’années »,
suggèrent les analystes de l’OCDE. Ces deniers proposent une série de mesures
qui « contribueraient également à la
réalisation d’autres objectifs : ainsi, une réglementation des marchés de
produits moins restrictive tendra à réduire les rentes sur les marchés de
produits et à limiter les possibilités de partage de rente entre les
entreprises en place et les fonctionnaires, tout en stimulant l’innovation et
la croissance ».
De même, l’établissement
d’un programme de privatisations des entreprises d’Etat ayant la main mise sur
des pans entiers de l’économie nationale permettrait plus de transparence. Il
permettrait également aux entreprises étrangères de jouer à jeu égal face aux
sociétés russes. « Dans le domaine
des investissements étrangers, des règles du jeu équitables doivent être
établies pour les investisseurs étrangers et nationaux en ce qui concerne les
marchés publics, l’accès aux subventions, l’application des lois et le
règlement des différends », espère le rapport de l’OCDE.
Sophie
Creusillet
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