La crise de la dette souveraine en Europe fragilise bon nombre de banques européennes. Elle entraîne la raréfaction du crédit bancaire, voire son renchérissement pour les PME, par manque de liquidités. Raison de plus pour remettre au goût du jour des modes de financement alternatifs, comme l’affacturage.
C’est ce que tente de faire GE Capital France, société spécialisée dans le financement des PME. Elle estime que l’affacturage, bien que connaissant une croissance à deux chiffres ces dernières années – à l’exception de 2009 – est encore insuffisamment connu en France. Elle a opportunément rendu publique, le 11 octobre, une étude mesurant pour la première fois l’impact macro-économique de ce mode de financement sécurisé qui permet de transformer en cash des factures à court terme.
D’après ses principaux résultats, actuellement, 0,96 % du PIB français et quelque 112 000 emplois en France seraient tributaires de ce type de financement du poste client. « 35 000 entreprises utilisent l’affacturage, mais on estime qu’elles pourraient être le triple », a commenté Patrice Coulon, directeur général délégué de GE Capital France.
L’étude estime que si 100 000 PME avaient recours à l’affacturage, elles généreraient pour 13,48 milliards d’euros d’activité et créeraient près de 170 000 emplois supplémentaires d’ici à 2020. Elle montre qu’un recours croissant à l’affacturage aurait également un fort impact en Italie, suivie de l’Allemagne et du Royaume-Uni, trois pays ou GE Capital est très bien implanté.
Mais pourquoi l’affacturage apparaîtrait-il comme un mode de financement alternatif intéressant aujourd’hui ? Réponse de Thierry Willième, président de GE Capital en France : « Nous sommes une alternative aux banques lorsqu’elles ne veulent plus accorder de crédit. » Et selon lui, la crise va être violente : « Le retard de paiement moyen à trois mois est supérieur à 5 % au deuxième semestre 2011, contre 4,1 % au premier semestre », a-t-il détaillé, précisant que l’augmentation des retards de paiement était le signe avant-coureur de « difficultés fortes des entreprises » et donc de chute d’activité.
Les sociétés d’affacturage ont ceci de spécifique qu’elles financent des factures d’entreprises correspondant à des transactions commerciales à court terme (moins de 90 jours en général), garanties par des assureurs-crédits, et en assurent le recouvrement. Elles transforment donc en cash – moyennant rémunération –, à la demande de leurs clients, tout ou partie d’un poste client (généralement entre 50 et 60 % des factures qui lui sont cédées, selon GE Capital) et en assurent la gestion.
GE Capital, qui s’est recentrée sur ses métiers (flotte automobile, stocks, équipements, affacturage) depuis la crise de 2008-2009, est présente dans l’affacturage en France via sa filiale GE Factofrance, numéro un français sur ce marché, rachetée il y a quelques années. Interrogée sur le coût global de l’affacturage, souvent perçu comme plus élevé que le coût des crédits bancaires, pour les entreprises, Thierry Willième a réfuté en bloc cette perception : « L’affacturage est moins cher que si l’entreprise recourt séparément à du découvert bancaire, à une assurance-crédit et à une société de recouvrement », a-t-il affirmé.
Il est d’autant plus convaincu de sa pertinence, dans la conjoncture actuelle, que les sociétés d’affacturage devraient connaître, selon des chiffres de la profession, une croissance de 19 % de leur volume d’affaires cette année. « Une partie de la croissance de l’affacturage vient de l’affacturage export, ce qui montre que l’on peut mettre en place des solutions européennes », conclut Thierry Willième.
Christine Gilguy
Baisse du crédit bancaire aux entreprises
Dans son dernier bulletin (La Lettre de COE-Rexecode du 15 octobre 2011), l’institut COE-Rexecode confirme le resserrement du crédit aux entreprises : « Les banques de la zone euro indiquent clairement avoir resserré leur distribution de crédit au troisième trimestre, indique le document. Le mouvement est notamment assez marqué pour les crédits aux entreprises, même si l’intensité du resserrement est bien moindre qu’à la fin 2008, après la faillite de Lehman Brothers. » La tendance est assez générale : « Aussi bien les grandes entreprises que les PME semblent avoir été concernées. Notons toutefois que, dans une autre enquête consacrée spécifiquement aux PME, la BCE a mis en avant un durcissement quasi structurel des conditions d’accès au crédit pour cette catégorie d’entreprises depuis la crise de 2007-2008. »
Pour en savoir plus : www.coe-rexecode.fr
C. G.
Bloc-notes
• L’Association des sociétés financières (ASF), dont sont membres la plupart des sociétés d’affacturage opérant en France, qu’elles soient issues des banques ou indépendantes, fournit sur son site Internet des informations techniques sur ce mode de financement et une liste d’établissements : www.asf-france.com, cliquer sur
« Métier », « Affacturage ».