Les ventes des vins rosés de Provence AOC grimpent fortement en Europe et aux États-Unis, tirées par la frénésie de consommation durant toute l’année de la génération des millennials qui apprécie la qualité de leurs marques haut-de-gamme.
Le vin rosé de Provence ne connaît pas la crise. En cette période encore incertaine où le variant delta du coronavirus redonne de la vigueur à la pandémie mondiale de Covid-19, les chiffres à l’export des vins rosés de Provence sont surréalistes et donnent même le tournis.
« Sur les cinq premiers mois de 2021, on enregistre une croissance des exportations de 16 % en volume et de 24 % en valeur ! » révèle Brice Eymard, directeur général du Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP), qui représente 600 caves et négociants.
Les États-Unis, premier marché à l’export
Cette croissance importante est essentiellement liée à la reprise des exportations depuis quelques mois aux États-Unis, après avoir pâti de la surtaxe Trump de 25 % sur les vins et spiritueux français. Celle-ci a été suspendue en juin dernier par l’administration Biden dans le cadre d’un accord avec l’Union européenne sur le différend Airbus / Boeing.
Avec 200 000 hectolitres vendus pour 140 millions d’euros par an, les États-Unis sont le premier marché à l’international des vins rosés de Provence qui se déclinent sous trois appellations d’origine contrôlée (AOC), Côtes-de-Provence, Côteaux-d’Aix-en-Provence et Côteaux-varois-en-Provence. Le marché américain représente 50 % de l’export.
Les ventes explosent au Royaume-Uni et aux Pays-Bas
Mais aujourd’hui, ces vins rosés AOC ont trouvé un nouveau relais de croissance en Europe.
« En 2020, même au plus fort de la crise sanitaire et de la surtaxe Trump, nos exportations ont cru globalement de 6 %. Cela est dû à la forte hausse de la consommation de vins rosés principalement en Europe, surtout au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Belgique, qui a largement compensé le ralentissement de nos ventes à l’international subi pendant le premier confinement et lié à la fois à la surtaxe Trump » explique Brice Eymard.
Dès juin 2020, les exportations de rosés de Provence sont reparties à la hausse pour se maintenir à un haut niveau les mois suivants…jusqu’en décembre 2020 qui a même affiché une croissance record de + 75 % par rapport à décembre 2019.
« Les ventes au Royaume-Uni ont bondi de + 51 % en 2020, pour faire de ce pays notre deuxième débouché à l’étranger, représentant 20 % de nos exportations » indique le dirigeant.
Aux Pays-Bas également, la frénésie de consommation a fait grimper de 45 % les ventes de bouteilles, alors qu’en Allemagne, elles ont enregistré une hausse de +15 %. « Depuis 2018, nos exportations explosent en Europe, alors que nos marchés étrangers traditionnels en progression régulière entre 2012 et 2018 étaient l’Amérique du nord et l’Australie » remarque-t-il.
Revalorisation du vignoble pour des vins Premium de marques prestigieuses
Les vins rosés de Provence AOC recueillent aujourd’hui les fruits d’un travail acharné, depuis une bonne dizaine d’années, de revalorisation de leur vignoble qui s’étend sur 26 000 hectares de Fréjus (Var) à l’Etang de Berre (Bouches-du-Rhône).
« Nos vins rosés ont fait un bon qualitatif grâce à un effort sur l’encépagement et dans les chais, avec des pressoirs et des équipements plus sophistiqués. Ce qui a donné une offre haut-de-gamme, de marques historiques prestigieuses comme ceux des domaines Ott ou Minuty, auxquelles se sont ajoutées des marques Premium plus récentes telles que Whispering Angel lancé par le château d’Esclans ou Miraval, marque des acteurs américains Brad Pitt et Angelina Joli associés à la famille Perrin » explique Brice Eymard.
Les rosés de Provence AOC devenus progressivement Premium ont également bénéficié de l’évolution des modes de consommation au niveau international de la génération des millennials, âgés de 25 à 35 ans, « qui apprécient la consommation de vins rosés secs, légers et frais lors de moments apéritifs ou d’apéritifs dînatoires en étant sensibles à leur authenticité et à leur qualité » selon le dirigeant.
Des vins associés à l’été, aux vacances et à la chaleur qui se consomment désormais toute l’année dans de multiples pays.
Conforter la croissance en Europe et défricher le marché asiatique
La CIVP compte bien continuer à surfer sur cette vague.
« On va s’attacher à renforcer la hausse de nos ventes en Europe et à commencer à défricher le marché asiatique, notamment chinois, en faisant de la pédagogie, en multipliant les formations, les présentations et les dégustations et en défendant la légitimité de nos rosés haut-de-gamme et notre leadership, pour accroître davantage le volume annuel de 430 000 hectolitres qui traversent les frontières, soit 43% de notre production » conclut Brice Eymard.
Bruno Mouly