La décarbonation du transport maritime mondial est l’un des sujets de la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC-3) qui se tient à Nice du 9 au 13 juin. Que faut-il en attendre ? Revue de détail dans cet article proposé par notre partenaire La newsletter BLOCS.
Le sommet UNOC-3 devrait avant tout consacrer « une déclaration politique commune [et] une série d’engagements volontaires de la part des Etats membres » sur le front d’une pêche raisonnée et d’une préservation des fonds marins, alors que la ratification du traité sur la haute mer adopté en 2023 cristallise les attentes.
Mardi [10 juin], une coalition de 37 pays, dont la France, s’est d’ailleurs engagée à Nice à combattre la pollution sonore du transport maritime, qui nuit à de nombreuses espèces sous-marines. L’intention affichée : faire progresser la conception et l’exploitation de navires plus silencieux, au sein de l’Organisation maritime internationale (OMI).
Sur le front de la décarbonation, où l’objectif est le « net zéro à l’horizon 2050 », on n’espère pas de percée majeure de ces discussions, qui doivent néanmoins servir à bâtir sur certaines avancées déjà constatées.
Faire progresser le transport maritime durable
Le transport maritime, vecteur de 90 % des échanges mondiaux de marchandises et responsable de 3 % des émissions mondiales de CO₂, est notamment l’objet d’un panel d’action pour « faire progresser le transport maritime durable ». Au menu des échanges, la transformation du secteur : des navires aux ports, en passant par les carburants, les modèles économiques et la formation des marins, selon un document de travail des Nations unies.
En tête de proue, la filière maritime française arrive à cet événement avec un plan de décarbonation global, incluant tous les acteurs – armateurs, ports, industries navales et porteurs, entreprises innovantes – explique l’Opinion.
Au niveau international, un pas important avait été franchi le 11 avril, avec la validation par l’OMI des bases d’un futur système mondial de tarification du carbone visant à encourager les carburants propres et à financer la transition écologique du secteur. Ce dispositif, dont l’adoption finale est prévue en octobre, s’accompagnera d’une norme mondiale sur l’intensité en gaz à effet de serre des combustibles marins.
Autres faits encourageants : à date, environ 200 navires sont déjà capables de fonctionner avec des carburants à émissions faibles ou nulles, et près de 80 % des nouvelles commandes incluent une capacité hybride, selon le World Shipping Council. Plus de 150 milliards de dollars ont en outre déjà été investis dans la décarbonation.
Le secrétaire général de l’OMI, Arsenio Dominguez, a ainsi souligné à Monaco, lors du Blue Economy Finance Forum, tenu en amont de la Conférence de Nice, que les réglementations seules ne suffiront pas. Il a appelé à des investissements massifs dans le développement de carburants alternatifs et la modernisation des ports.
Plusieurs bons élèves français se distinguent : les entreprises Towt, Grain de Sail, Neoline ou Windcoop développent en particulier des cargos à voile ou hybrides. Le Neoliner Origine, cargo de 136 mètres, doit prendre la mer en juillet.
La conférence doit enfin insister sur la nécessité de ne laisser personne à quais face aux inégalités d’accès aux ressources : la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) a mis en garde contre le risque d’exclusion des pays du Sud, qui dépendent du commerce maritime mais peinent à financer la modernisation de leurs flottes.
