Moins médiatisé que les mobilisations d’agriculteurs ou les grèves des contrôleurs de la Sncf, le mouvement social qui perturbe actuellement les ports français risque de détourner le trafic vers d’autres ports européens. Les entreprises du transport et de la logistique anticipent également un nouvel allongement des délais pour récupérer les marchandises à l’import.
Jeudi 16 février, les ports français ont entamé leur cinquième journée de mobilisation contre la réforme des retraites des dockers et des agents portuaires après des arrêts de travail de six heures les 5 et 9 février et une grève de 24 heures le 7 février. L’appel à la mobilisation, lancée par la Fédération des ports et docks (FNPD) CGT, concerne également les journées du 22 et 27 février. Cette dernière sera accompagnée d’une opération « ports morts ».
« La précédente vague, début février, avait été particulièrement suivie dans les grands ports maritimes de Marseille, du Havre et de Rouen (150 dockers en grève sur 210) mais aussi dans de plus petits, comme à Lorient (tous les dockers à l’arrêt, grutiers et mécaniciens principalement) ou à Brest (une centaine d’ouvriers concernés) », rapporte le site du Journal de la marine marchande.
Des grèves sur fonds de concurrence accrue
Dans ce contexte, l’Union des entreprises de transport et de logistique de France (Union TLF), l’organisation professionnelle des entreprises du transport et de la logistique, s’inquiète en particulier de l’opération « ports morts » du 27 février. Dans un communiqué du 15 février, transporteurs, logisticiens et commissionnaires de transport soulignent l’importance de continuer à faire fonctionner ces infrastructures alors que la concurrence est de plus en plus vive.
« Les flux logistiques commencent également à se détourner vers les autres ports européens comme Anvers, Gênes, Rotterdam ou Barcelone », regrettent les entreprises du secteur. Autre inquiétude : les délais de plus en plus longs pour retirer la marchandise. « Au niveau du port de Marseille-Fos, il faut aujourd’hui plus de cinq jours à un transporteur pour pouvoir obtenir un rendez-vous qui se prend habituellement dans la journée », précise le communiqué. « L’Union TLF demande donc à l’État de maintenir la libre circulation des marchandises et des personnes sur les domaines portuaires ».
Les entreprises du transport et de la logistique veulent limiter les coûts
Autre demande, formulée par les transporteurs et logisticiens : contenir au maximum les coûts générés par ces grèves. Pour ce faire, le texte réclame d’étendre les temps de franchise pour les frais de détention et de stationnement des conteneurs ainsi que la suspension des frais d’annulation de rendez-vous sur les terminaux portuaires.
Enfin, dernière revendication de l’organisation professionnelle : des mesures « en faveur de l’attractivité et de la fiabilité des ports français ». « La fiabilité des engagements envers les clients est mise en péril, ce qui conduit à un détournement substantiel des volumes au détriment des ports français, outils essentiels à la balance commerciale de la nation, a déclaré Joël Glusman, vice-président de l’Union TLF et président de TLF Overseas. Les désorganisations en cours menacent directement la rentabilité de nos entreprises situées dans chaque place portuaire française, dans un contexte de concurrence accrue avec les autres ports européens. »
L’absence de ministre des Transports pendant plusieurs semaines, à la suite du remaniement gouvernemental, « a durci la position syndicale, estime un article du Marin, mais le maintien d’Alexis Vuillemin comme directeur de cabinet auprès du ministre délégué aux Transports, poste assuré désormais par Patrice Vergriete, permet aussi, alors que les braises sont encore chaudes, d’assurer la continuité de ce dossier épineux ».
Sophie Creusillet