La crainte d’un afflux de biens réorienté des Etats-Unis vers le marché européen à la suite de l’augmentation des droits de douane décrétée par l’administration Trump monte à Bruxelles à l’approche de la date de fin de la suspension des droits de douane « réciproques ». La Commission européenne vient de mettre en place un nouvel outil de surveillance des importations pour aider l’UE à prévenir les détournements de trafic préjudiciables.
Les négociations se poursuivent entre l’administration Trump et la Commission européenne pour trouver un accord commercial mettant fin à la menace de droits de douane réciproque d’ici au 9 juillet, date de la fin de la suspension décrétée par Donald Trump le 9 avril. Le négociateur commercial en chef de l’Union européenne (UE), Maroš Šefčovič, et son homologue américain, le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, se sont rencontrés le 4 juin à Paris en marge d’une réunion de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Mais si tout deux ont affirmé que les discussions avançaient, aucun n’a donné de détail sur l’orientation de leurs échanges.
En attendant, l’inquiétude monte à Bruxelles concernant les risques d’afflux de marchandises, notamment de Chine, qui négocie également avec Washington mais doit affronter de nouveaux droits de douane. D’où l’initiative prise par la Commission de muscler son dispositif de surveillance des importations. « Les turbulences récentes dans le système commercial mondial ont accru le risque de détournement préjudiciable des échanges – les produits détournés des marchés à tarifs élevés pourraient trouver leur chemin vers l’Europe, raison pour laquelle la Commission prend des mesures énergiques » justifie Maroš Šefčovič, également commissaire au commerce et à la sécurité économique, et commissaire aux relations interinstitutionnelles et à la transparence. « Avec ce nouvel outil de surveillance des importations, nous renforçons notre capacité à protéger nos propres intérêts et à mettre fin à la flambée des importations détournées vers notre marché ».
Ce nouvel outil de surveillance, qui est accessible sur un site Web dédié de la Commission (voir plus bas), vise à protéger l’UE contre « les hausses soudaines et potentiellement perturbatrices des importations », précise un communiqué de la Commission européenne. Concrètement, il s’agit de prévenir « le détournement préjudiciable des échanges, qui se produit lorsqu’une quantité importante de marchandises qui ne peuvent entrer sur d’autres marchés en raison de droits de douane élevés et d’autres restrictions sont réorientées vers l’UE ».
Le système repose sur la surveillance des statistiques douanières et le partage d’information avec les Etats membres. « En fournissant des informations factuelles fondées sur les données douanières, l’outil de surveillance permettra à la Commission de détecter rapidement toute augmentation soudaine de ces importations et de prendre des mesures rapides et efficaces pour protéger le marché de l’UE contre les incidences négatives ».
La Commission compte également sur la vigilance et la participation des entreprises européennes du secteur manufacturier. « Les fabricants de l’UE, les associations industrielles et les États membres » sont ainsi invités à se connecter sur le site dédié pour surveiller les tendances des importations disponibles et « à fournir davantage de renseignements sur le marché et de données sur la situation économique de l’industrie ».
En parallèle, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a mis en place une « task force » dédiée à la lutte contre le détournement des flux commerciaux qui sera chargé de piloter ce dispositif et d’alerter la Commission en cas de besoin pour réagir à toute menace de perturbation du marché. Ce groupe de travail se concentre sur les flux d’importation depuis le 1er janvier 2025. Le dispositif est complété par un tableau de bord interne, qui surveille toutes les importations dans l’UE et, au moyen d’analyses statistiques, recense également les produits qui ont connu une augmentation potentiellement préjudiciable des importations.
Sur un plan plus politique, la Commission a également décidé de mettre en place un dialogue avec la Chine, dont les exportations sont la principale cible de ce nouveau système de surveillance dans le contexte de la guerre commerciale déclenchée par l’administration Trump, « afin de suivre d’éventuels détournements de trafic et de veiller à ce que toute évolution notable soit dûment prise en compte ».
C.G
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