Lors d’une rencontre avec les opérateurs économiques, le 13 avril, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a annoncé toute une série de réformes touchant, notamment, à l’administration du commerce extérieur et des investissements étrangers. Un Big Bang dont il reste à voir la mise en œuvre concrète.
« A partir d’aujourd’hui, l’Algex, c’est fini », a notamment annoncé le président algérien, selon des propos rapportés par le journal El Watan. Il intervenait pour la deuxième fois devant les opérateurs économiques regroupés au sein du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), que préside Kamel Moula.
Bien connue des entreprises qui exportent vers l’Algérie, Algex (Agence algérienne de promotion des exportations) délivrait jusqu’à présent d’incontournables sésames aux importateurs algérien comme les « autorisations Algex », sorte de licences d’importation. Mais d’après le media algérien TSA, son fonctionnement jugé « bureaucratique » avait été critiqué ces dernières années « par de nombreux opérateurs économiques algériens ».
« Cette agence a été créée en 2001, alors que l’essentiel de nos exportations était les hydrocarbures et que nous importions pour 60 milliards de dollars de biens ; vous ne la retrouverez plus sur votre chemin », a poursuivi Abdelmadjid Tebboune, toujours selon El Watan. Concrètement, le gouvernement a reçu pour instruction de « créer, avant la fin du mois de mai prochain, deux agences : une pour les exportations et une autre pour les importations, avec des systèmes de veille à tous les niveaux pour éviter les pénuries », a développé le président algérien.
La priorité étant de redévelopper l’industrie nationale et de réduire la dépendance du pays aux hydrocarbures, Abdelmadjid Tebboune a fixé à 10 milliards de dollars (Md USD) le montant à atteindre pour les exportations hors-hydrocarbures. Dans le domaine de l’agriculture, il s’est félicité de la hausse de la production locale et de la chute concomitante de la facture d’importation de blé dur de 1,2 Md USD, sans toutefois évoquer le rôle joué par la montée des livraisons de céréales russes, au détriment des fournisseurs européens, dans cette baisse de prix. « Nous comptons la faire baisser encore de 2,5 milliards de dollars » a appuyé le président algérien.
Selon une récente note du Trésor français, citant des statistiques de TradeMap, en 2023, les exportations de l’Algérie ont atteint 57,1 MD USD, à 91 % composé d’hydrocarbures. Les importations ont atteint 45,1 Md USD, composés de biens manufacturés diversifiés et de matières premières agricoles.
Vers un « guichet unique » pour les investissements
Autre annonce qui devrait intéresser les entreprises étrangères : la réforme de l’Agence de promotion des investissements (AAPI) pour créer le « guichet unique » que le chef d’Etat algérien appelle de ses vœux depuis plusieurs années. Toujours selon El Watan, l’AAPI « assume des charges au-dessus de ses capacités » a-t-il estimé. D’où l’annonce de la création, « dans deux ou trois mois, d’un guichet unique » destiné à « accompagner, encadrer et orienter les projets d’investissement en vue de garantir une répartition équitable du développement à travers le pays ».
D’après les chiffres partagés par le président algérien, 13 712 projets d’investissement ont été lancés ces dernières années dans le pays pour une valeur de 6000 milliards de dinars (Md DA) qui ont créé 350 000 emplois. Sur ce total, la moitié des projets concernent l’industrie et « 21% des projets sont des investissements étrangers », s’est félicité le président algérien. Son objectif affiché est de porter la part de l’industrie dans le PIB algérien à 13 % durant son second mandat (2024-2029), au lieu d’un niveau « entre 6 et 7 % » actuellement, soit un doublement en cinq ans.
A suivre pour la mise en œuvre…
C.G