Alors que l’Union européenne imposera à compter du 1er juillet 2026 une taxe de trois euros sur les petits colis, que représente ce phénomène en France ? Une note du service statistique de la Douane précise son ampleur, tandis qu’un rapport parlementaire préconise un renfort drastique des contrôles de ces importations.
773 millions. C’est le nombre d’articles importés cette année en France dans des petits colis, c’est-à-dire d’une valeur de moins de 150 euros, contre 170 millions en 2022. Ils ont fait, en 2024, l’objet de 189,4 millions de déclarations auprès de la Douane et leur nombre n’a cessé d’augmenter. Elles sont en effet passées de 76,8 millions en 2022 à 130,2 millions (+ 70 %) en 2023. En octobre de cette année, 156,9 millions de ces déclarations avaient déjà été traitées.
Ces petits colis contiennent essentiellement des vêtements, accessoires et chaussures, une catégorie ayant regroupé à elle seule 280 millions d’articles en 2025. Viennent ensuite les bijoux (50 millions) et les jouets (32 millions).
La croissance fulgurante des flux de ces colis, tirée par l’essor de l’e-commerce, va de paire avec une baisse tout aussi rapide du prix moyen des produits importés. Il était de 11,30 euros en 2022 et de 6,40 euros cette année. Il est de 2,80 euros pour les bijoux.
Sans surprise, la Chine porte l’essentiel de cette dynamique, concentrant 97 % des articles importés en 2025, contre 86 % en 2022.
Moins de 1 % des colis sont contrôlés
Précision : si l’Allemagne intègre les données des petits colis dans les statistiques de son commerce extérieur, ce n’est pas le cas de la France. Selon les calculs de la Douane, leur prise en compte aurait alourdi d’au moins 4,2 milliards d’euros le déficit de la balance commerciale tricolore.
Face à cette situation, que faire ?
L’Union européenne vient d’annoncer l’imposition d’une taxe de 3 euros par colis à compter de juin 2026 afin d’endiguer cette déferlante de produits à bas prix sur le marché européen et son lot de problématiques : produits ne respectant pas les normes de sécurité de l’UE, contrefaçon, concurrence déloyale, etc.
Un rapport présenté à l’Assemblée nationale le 17 décembre préconise des mesures supplémentaires, axées sur les renforts des contrôles douaniers, une taxe et des sanctions plus lourdes en cas de non conformité des produits. En effet, le rendement du contrôle des petits colis est en diminution passant dans l’Union de 203 colis contrôlés sur un million en 2022, 124 en 2023 et 82 en 2024 (soit 0,0082 %).
S’agissant du commerce électronique, 98 131 contrôles ont été effectué sur 189 350 085 déclarations, soit un taux de contrôle de 0,5 %.
La tâche sera ardue tant les volumes sont colossaux. Selon les co-rapporteurs du rapport – Julien Guibert (RN, Nièvre), Antoine Vermorel Marquès (DR, Loire), Romain Eskenazi (SOC, Val-d’Oise) – , Shein et Temu affrètent à eux seuls l’équivalent de 90 avions-cargos par jour et, lorsqu’ils sont contrôlés, leur taux de non-conformité dépasse 50 %.
Sophie Creusillet
