Dans la deuxième édition de son étude Trade Pulse, qui prend le pouls des échanges internationaux, HSBC constate un vent de pessimisme auprès des 250 entreprises tricolores parmi les 6 750 interrogées dans le cadre de ce sondage. Elles sont en effet proportionnellement moins nombreuses à anticiper une évolution positive et plus promptes à prédire une érosion de leur chiffre d’affaires.
Les multinationales françaises seraient-elles moins résistantes à l’incertitude que leurs homologues américaines, brésiliennes ou allemandes* ?
C’est en tout cas ce qui ressort de ce baromètre que la banque britannique publie aujourd’hui. Ainsi, pour seulement 29 % d’entre elles« l’instabilité du commerce international a eu un effet positif sur leur activité » alors que la moyenne s’établit à 51 % dans les autres pays. Et elles ne sont guère plus optimistes sur l’environnement commercial des mois à venir : 34 % escomptent un effet positif au cours des six prochains moins, contre 55 % ailleurs dans le monde.
Autre signe de fébrilité de la part des multinationales tricolores : leur niveau de confiance dans leurs perspectives de croissance à l’international à deux ans se situe 10 points en dessous de la moyenne (78 % versus 88 %) et également en deçà de la confiance qu’elles affichaient elles-mêmes il y a encore six mois (84 %).
Moins enthousiastes, les entreprises tricolores ne restent pas pour autant les bras croisés. 37 % ont revu leur stratégie de prix, 32 % envisagent des fusions-acquisitions et 22 % en ont réalisé une au cours des six derniers mois.
Repli sur le marché domestique
Si leur confiance est en recul, leur sentiment sur leur préparation à affronter cette crise du commerce mondial l’est également. Les trois quarts se déclarent prêtes, contre 86 % pour les entreprises des 16 autres pays sondés. En particulier, elles semblent ne pas suffisamment maîtriser « les récentes modifications de la politique commerciale » : 16 % considèrent comme « très facile » de les comprendre, contre 28 % dans le reste du monde.
En outre, hausse des droits de douane oblige, un tiers ont réduit leur dépendance au marché américain, soit beaucoup plus que dans les autres pays où « seulement » 22 % des entreprises ont opté pour cette stratégie. 30 % se sont rabattues sur le marché européen, plus proche et moins complexe. Surtout, l’immense majorité (93 %) déclare avoir augmenté la production domestique et 81 % les ventes sur le marché national.
Néanmoins, les projets de relocalisation de la production en France apparaissent moins avancés que dans d’autres pays. 31 % des sondés envisagent de rapatrier la production contre 40 % dans les autres pays. De même 15 % ont déjà mis en place de pareils changements contre 25 % des entreprises des 16 autres pays sondés.
En revanche, les entreprises françaises se distinguent par leurs besoins en fonds de roulement en lien avec l’instabilité du commerce international : elles sont 46 % à constater une hausse, contre 63 % ailleurs dans le monde.
Sophie Creusillet
* L’étude repose sur les réponses de dirigeants d’entreprise dans 17 pays : Allemagne, Bangladesh, Brésil, Chine, Émirats arabes unis, Espagne, États-Unis, France, Hong Kong, Inde, Indonésie, Italie, Malaisie, Mexique, Singapour, Royaume-Uni et Vietnam.
