Chaque année, l’exécutif européen publie un rapport sur la mise en œuvre et l’application de la politique commerciale de l’Union européenne (UE). Dans cette cinquième édition, un document de travail des services de la Commission fait le bilan des principales évolutions des partenariats commerciaux préférentiels de l’UE et de leurs retombées en terme de commerce extérieur.
Publié le 3 novembre et couvrant l’année 2024 et le premier semestre 2025, le cinquième rapport annuel sur la mise en œuvre et l’application de la politique commerciale de l’UE fait un constat : les accords commerciaux de l’UE aident les entreprises à trouver des marchés alternatifs pour leurs exportations, tout en réduisant les dépendances. Pour l’expliquer, il met en avant différents aspects.
Des résultats positifs sur la résilience et la compétitivité des entreprises
Tout d’abord, d’après le rapport, les accords commerciaux de l’UE ont renforcé la résilience et la compétitivité des entreprises de l’UE. En effet, en 2024, les exportations de marchandises vers les 76 partenaires préférentiels de l’UE ont augmenté de 0,7 %, alors que les exportations vers les pays non couverts par un accord de libre-échange (ALE) ont baissé de 1,4 %.
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Par exemple, depuis son application en 2017, l’accord économique et commercial global avec le Canada (AECG, CETA pour son acronyme anglais) a entraîné une croissance de 51 % des exportations de biens de l’UE vers ce pays. Cette augmentation est particulièrement marquée dans le secteur agricole (+ 40 %), avec une hausse notable pour le vin (+ 22 %) et le fromage (+ 97 %). En comparaison, les exportations de l’UE vers le reste du monde n’ont progressé que de 20 % durant la même période.
Autre exemple, l’accord de partenariat économique (APE) UE-Japon, mis en œuvre en 2019, a aussi généré une augmentation de 267 millions d’euros (M EUR) des exportations de l’UE vers le Japon, notamment avec le vin et les produits agricoles transformés. Par ailleurs, les ALE conclus avec la Colombie, lePérouet l’Équateur, entrés provisoirement en vigueur en 2013 avec la Colombie et le Pérou et en 2017 avec l’Équateur, ont stimulé les échanges de près de 4 Md EUR pour les entreprises de l’UE.
Le rapport mentionne aussi qu’en 2024, les exportations agroalimentaires de l’UE ont atteint un record de 235 Md EUR (+2,8 % par rapport à 2023). Les échanges avec les partenaires préférentiels ont augmenté de 6,4 %, contre 2,8 % avec les partenaires hors ALE. Parmi les partenaires préférentiels, le Royaume-Uni est de loin la première destination des exportations agroalimentaires de l’UE. Celles-ci ont augmenté de 12 Md EUR (+ 29 %) entre l’entrée en vigueur en 2021 de l’accord de commerce et de coopération UE-Royaume-Uni et l’année 2024.
De même, les exportations de l’UE vers l’Ukraine ont augmenté de 2,1 Md EUR (+ 139 %) depuis 2016, celles vers le Canada de 1,6 Md EUR (+ 51 %) depuis 2017 et celles vers le Japon de 1 Md EUR (+ 15 %) depuis 2019.
Enfin, le rapport annuel explique que le commerce des services de l’UE avec ses partenaires préférentiels a atteint 1 300 Md EUR en 2023, soit 48 % du total des échanges de services de l’UE. Au cours de la période 2022-2023, les échanges de services entre l’UE et ses partenaires préférentiels ont augmenté plus rapidement que les échanges avec les partenaires hors ALE (+ 4,5 % contre + 1,2 %).
Diversification et stabilité
Pour la Commission européenne, les accords commerciaux de l’UE favorisent aussi la diversification et la stabilité des chaînes d’approvisionnement.
L’accord Mercosur, une fois en vigueur, supprimera selon elle progressivement les droits de douane sur l’automobile (actuellement de 14 % sur les pièces et de 35 % sur les voitures) et réduira les risques de restrictions sur les matières premières pour batteries.
L’UE a aussi intégré des chapitres sur le commerce numérique dans ses accords bilatéraux avec le Japon, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande, le Chili, le Mexique, et a conclu des accords avec Singapour en juillet 2024 et la Corée du Sud en mars 2025. De plus, l’UE, partie à l’Accord sur les marchés publics de l’OMC, assure un accès réciproque aux marchés publics de 40 pays, estimés à 1 800 Md EUR.
Parallèlement, les importations de gaz et de gaz liquéfié en provenance d’Algérie, du Kazakhstan et de Norvège, ainsi que celles de cuivre chilien, ont pallié la diminution des importations russes suite aux sanctions contre ce pays.
Par ailleurs, en 2024, 44 obstacles au commerce ont été supprimés, portant le total à 186 depuis 2020. L’UE a également élargi son réseau commercial avec 44 accords en vigueur, à la suite de l’entrée en vigueur de l’ALE UE-Nouvelle-Zélande (1er mai 2024) et de l’APE avec le Kenya (1er juillet 2024). Il représente 46,1 % du commerce extérieur total de l’UE.
Dans son rapport, la Commission européenne souligne donc clairement l’impact positif et multifacette des accords commerciaux de l’UE. « Les accords commerciaux rendent l’Union européenne plus résiliente face aux défis géopolitiques en garantissant des sources d’approvisionnement plus sûres et plus diversifiées pour nos importations, ainsi que des débouchés stables pour nos exportations, a déclaré Maroš Šefčovič, commissaire au commerce et à la sécurité économique dans un communiqué. Ces accords ne se limitent pas à la suppression des droits de douane : ils favorisent également la convergence réglementaire et la promotion de normes internationales, ce qui permet de réduire les coûts pour les opérateurs économiques ».
Qu’il s’agisse de renforcer la résilience des entreprises, de diversifier les chaînes d’approvisionnement ou de promouvoir les valeurs européennes, ces partenariats s’avèrent être des outils essentiels pour la prospérité et l’influence de l’Union.
Kétana Men
Pour consulter le rapport annuel sur la mise en œuvre et l’application de la politique commerciale de l’UE, cliquez ici.
