Alors que les secousses de son offensive tarifaire du 2 avril se font déjà sentir sur les créations d’emplois et sur les chiffres des grandes entreprises outre-Atlantique, le président américain semble avoir engagé la marche arrière. Reste que le chemin de la désescalade avec les partenaires mondiaux, dont en particulier la Chine n’aura rien d’évident. Décryptage dans cet article proposé par notre partenaire La Newsletter BLOCS.
Après l’offensive protectionniste de Donald Trump à l’encontre du monde, et en particulier, de la Chine, place à la désescalade ? Ces derniers jours, le président américain multiplie en tout cas les signes de modération. Le 22 avril, il avait revendiqué être désormais « très gentil » avec la Chine et de ne « pas taper fort ».
Les droits de douane imposés à la Chine, aujourd’hui de 145 % pour l’essentiel des produits, vont, à terme « baisser substantiellement, mais ils ne seront pas ramenés à zéro », avait-il assuré.
Amadouer Pékin
D’après le Wall Street Journal, l’administration Trump envisage ainsi de ramener les droits sur la Chine entre 50 % et 65 % en moyenne afin d’amadouer Pékin, qui pour sa part, applique un taux de 125 % sur les produits états-uniens. Dans le détail, les importations venues de Chine qui ne constitueraient pas une menace pour la sécurité nationale seraient taxées à 35 %, contre au moins 100 % pour les produits stratégiques, indique le quotidien américain. Cela reste toutefois à confirmer.
La Maison Blanche cherche en tout cas à négocier avec la Chine. Aux yeux de Donald Trump, « à la fin, [les Chinois] doivent trouver un accord, parce que sinon ils ne pourront pas faire des affaires aux États-Unis ».
De la même manière, Washington a indiqué son ouverture au compromis avec une série de grands partenaires commerciaux (UE, Corée du Sud, Japon, Vietnam, Inde …) ciblés, plus ou moins sévèrement, par les droits de douanes dits « réciproques » annoncés lors du fameux « Liberation Day », le 2 avril dernier.
Ceux-ci ont été brièvement appliqués, puis réduits à un taux généralisé de 10 % pour 90 jours. Selon la Maison-Blanche, un total d’environ 50 pays ont commencé des négociations avec l’administration Trump dans l’espoir d’obtenir des tarifs plus faibles que ceux annoncés à leur égard. La fenêtre de pourparlers est censée ne s’étendre que jusqu’à début juillet, lorsque prendra fin le répit décrété par Donald Trump.
Ce qui pèse dans l’esprit de M. Trump
Le président américain considérerait en outre des annonces à même de soulager en partie les constructeurs automobiles, selon le Financial Times. Les pièces automobiles pourraient être épargnées des 145 % de surtaxe imposés à la Chine. Elles seraient également exemptées des 25 % de droits de douane perçus sur l’acier et l’aluminium. Le pouvoir américain semble enfin commencer à réfléchir à une révision des droits de douane de 25 % imposés sur les importations automobiles.
Ces bruits, et l’affirmation, le 18 avril, par Donald Trump qu’il n’avait finalement « pas l’intention de virer » le président de la Fed, Jérôme Powell, ont contribué à redonner des couleurs à la Bourse de New York. Il semblerait que les inquiétudes des marchés, tout comme les graves dégâts (hausse des prix et ralentissement économique) que promettent les économistes face au choc protectionniste, commencement à peser dans l’esprit de M. Trump.
Il faut dire que les secousses se font déjà sentir : des chiffres que l’administration américaine publiera vendredi prochain [2 mai] pourraient montrer une chute de près de 50 % de la création d’emplois sur un mois dans le pays, d’après Bloomberg. Ainsi, les grandes entreprises américaines, des jouets aux shampooings en passant par les sodas, sont déjà nombreuses à revoir à la baisse leurs prévisions pour l’année en raison des tarifs, et du climat d’incertitude qui règne outre-Atlantique, comme le relève Les Échos.
Incertitude sur la réalité des négociations
Reste que le chemin d’une désescalade plus large avec les partenaires mondiaux n’a rien d’évident. En particulier, si la diplomatie chinoise a fait savoir mercredi dernier [23 avril] que « la porte des négociations est grand ouverte », les pourparlers n’ont en réalité pas débuté.
De même, M. Trump a certes affirmé le 17 avril en présence de l’Italienne Giorgia Meloni qu’« il y aura un accord commercial avec l’UE, c’est sûr à 100% ». Mais rien ne semble avoir avancé depuis.
Idem, le vice-président J. D. Vance a rencontré il y a une semaine le Premier ministre indien Narendra Modi à New Dehli, et les deux hommes ont salué « un progrès remarquable » des négociations pour un traité « mutuellement bénéfique ». L’accord n’est toutefois pas sur la table.
Le secrétaire au Commerce Howard Lutnick a indiqué qu’il faudrait deux ou trois mois pour s’entendre avec les partenaires commerciaux de l’Amérique.