Les PME sont de plus en plus nombreuses, partout dans le monde, à souhaiter mettre en place des politiques RSE, en particulier sur le volet décarbonation de leurs activités, et à le faire savoir à travers des rapport extra-financiers, comme les grands groupes. Faute de temps et de moyens, elles peinent encore à les concrétiser, selon une enquête réalisée par Sage pour la Chambre de commerce internationale (ICC) et publiée à l’occasion de la COP 28 ( 28e conférence des parties pour le climat).
Le message semble être passé. Alors que la mise en place de démarches environnementales a longtemps été perçue comme une charge et réservée aux grands groupes, les PME des 16 pays* couverts par cette étude de l’International Chambre de commerce internationale (ICC pour Chamber of Commerce) sont désormais 83 % à estimer que la durabilité est importante pour générer des affaires (contre 76 % en 2022).
Plus de six sur 10 affirment avoir entrepris des démarches, dont 51 % pour rendre leurs produits ou services plus durables, 48 % en réduisant leur consommation d’énergie et 16 % grâce à l’économie circulaire. Si la prise de conscience est réelle, elle répond aussi à la demande des donneurs d’ordre, de grandes entreprises qui ont déjà mis en place une comptabilité carbone et qui exigent de leurs fournisseurs des données sur leurs émissions de gaz à effet de serre.
Dans l’UE, une obligation pour les PME cotées
Si entamer une démarche RSE peut également être motivé par la volonté de communiquer sur les valeurs de l’entreprise, ce saut vers la durabilité peut également être impulsé par une nécessité légale. C’est le cas au sein de l’Union européenne (UE) avec la mise en place de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) qui va progressivement imposer à 50 000 entreprises de publier des rapports extra-financiers détaillant des informations en lien avec les questions sociales, environnementales et de gouvernance.
Cette obligation incombera aux PME cotées à compter du 1er janvier 2027 (pour l’exercice 2026). Elles pourront néanmoins bénéficier d’un délai de deux années supplémentaires sous réserve de justification. Les PME non cotées pourront également publier un rapport de durabilité sur la base du volontariat.
Or, selon l’étude l’ICC, seulement 7,7 % des PME interrogées se sont lancées dans la rédaction d’un rapport extra-financier. Sans grande surprise, les obstacles les plus souvent cités par les entrepreneurs sont le manque de temps, une expertise insuffisante et pas assez de moyens financiers.
Indispensable pour bénéficier de la manne de la finance verte
Pourtant, initier des démarches en matière de durabilité est également source d’opportunités : se positionner sur les appels d’offre des marchés publics, renforcer l’innovation et la compétitivité, réduire le risque ou encore attirer et retenir des talents.
Surtout, disposer de preuves d’une démarche cohérente en matière de durabilité peut donner accès à des financements. « Les institutions financières prennent plus souvent en compte les facteurs de durabilité quand elles prennent des décisions de prêt ou d’investissement, relève l’ICC. Elles subissent la pression de leurs propres investisseurs et régulateurs pour réduire leur exposition aux risques liés au développement durable et pour mettre en avant leurs actions en faveur du développement durable afin d’obtenir davantage de capitaux. »
Ainsi, si le nombre de PME publiant un rapport extra-financier sur leur bilan RSE venait à tripler dans les 16 pays étudiés par l’étude, il passerait à 51 millions d’entreprises qui pourraient accéder à une manne de 789 milliards de dollars issus de la finance verte.
Sophie Creusillet
* Royaume-Uni, États-Unis, France, Italie, Espagne, Pologne, Roumanie, Pays-Bas, Belgique, Brésil, Afrique du Sud, Thaïlande, Canada, Australie et Kenya.