Bonne nouvelle pour les observateurs du commerce extérieur : une fois n’est pas coutume, la bataille de l’export et le soutien au développement international des PME ont été des thématiques phares d’un temps fort de l’agenda présidentiel cette semaine. Emmanuel Macron a notamment rappelé les grands axes de la stratégie du gouvernement dans ce domaine à une centaine de chefs d’entreprises à l’Elysée le 21 novembre, à l’occasion du lancement officiel du programme ETIncelles portée par la ministre des PME Olivia Grégoire, visant à faciliter la transformation de PME et ETI.
(1ère publication le 20/11, version mise à jour le 22/11/2023)
L’agenda du président français a été très économique cette semaine, et le soutien au développement des PME et ETI à l’export a été, avec l’attractivité et la réindustrialisation décarbonée, l’une des trois thématiques fortes abordées par Emmanuel Macron à différentes occasions cette semaine, établissant un lien clair avec les stratégies visant à redonner à l’Hexagone des atouts pour rayonner à l’international et réduire son déficit commercial abyssal.
La bataille de l’export et la stratégie du gouvernement pour la mener ont été plus spécifiquement abordés ce mardi 21 novembre, à l’occasion de la réception par Emmanuel Macron, au palais de l’Elysée, d’une centaine de chefs d’entreprises, en présence d’Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des PME, du commerce, de l’artisanat et du tourisme et d’Olivier Becht, ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger.
Un focus a été notamment mis sur « ETIncelles », le nom d’un programme « d’accompagnement individualisé de l’État pour les PME à fort potentiel » porté par Olivia Grégoire, dont l’objectif est de « fluidifier les relations des entreprises avec l’État, lever les blocages administratifs à leur croissance pour les faire grandir en entreprises de taille intermédiaires (ETI) dynamiques et prêtes à remporter la bataille de l’export », selon un communiqué de Bercy.
« C’est un deuxième coup de projecteur sur le plan export » souligne-t-on dans l’entourage du ministre en charge du Commerce extérieur, qui a lancé son plan « Osez l’export » fin août.
S’attaquer durablement au problème du déficit commercial abyssal
Sur le fond, avec la bataille de l’export, il s’agit aussi de s’attaquer durablement au problème du déficit commercial abyssal qui, alors que la réindustrialisation s’amorce et que le pays parvient à se hisser en tête des pays européens pour l’attraction des investissements directs étrangers dans l’industrie, reste l’un des points faibles du bilan économique présidentiel.
« Notre objectif de politique économique c’est d’arriver à faire de la France un pays productif, certes, mais aussi un pays qui exporte, qui se projette à l’international et qui réussit, grâce à ça à restaurer sa balance commerciale, mais aussi à faire venir de la valeur sur le territoire français, faire venir des entreprises performantes et nous projeter à l’international » souligne-t-on à l’Elysée.
De même source, les trois thématiques à l’agenda présidentiel cette semaine sont étroitement liées. Le développement international fait en effet partie des leviers de croissance pour faire grandir les PME et les transformer en ETI, sachant que ces dernières ont des taux d’exportation moyens de 30 %, contre 10 % pour les PME, insiste-t-on à l’Elysée. L’un des critère de sélection pour bénéficier de l’accompagnement ETIncelles est justement d’avoir un projet à l’export et/ou de R&D.
Les entreprises étrangères, notamment courtisées par l’Elysée chaque année lors de l’événement Choose France, contribuent aux exportations, à l’instar de Novo Nordisk à Chartres, qui devait dévoiler le 23 novembre un investissement de 2 milliards d’euros dans la production de cartouches et flacons d’insuline en présence du président Macron.
Et enfin, dans le contexte de la lutte contre le réchauffement climatique, une industrie et des produits décarbonés deviennent des facteurs clés de la « compétitivité hors prix ». Cette semaine, les 50 sites industriels à l’origine de 60 % des émissions de toute l’industrie, désignés en novembre 2022 comme devant s’engager dans des plans de décarbonation ambitieux, ont tous signé, le 22 novembre, leur « contrat de transition écologique » avec Bercy, fixant leur feuille de route pour réduire leurs émissions de 45 % d’ici 2030.
En matière de soutien à l’export, l’Elysée est convaincu que l’État a « un rôle important » à jouer dans la transformation des PME en ETI « en matière d’accompagnement de ces acteurs pour réussir à leur faire franchir un cap ». Ce qui signifie « réussir d’une certaine façon ce qui a pu être fait sur l’écosystème des startups », précise-t-on. Il s’agit, de même source, d’offrir aux PME à potentiel « le meilleur de ce que l’État peut leur apporter, allant de l’accompagnement sur les sujets financiers qui peuvent se poser avec les acteurs de l’Etat qui portent les financements, mais également jusqu’à participer à des délégations lorsque le président de la République ou d’autres ministres se rendent dans différents pays. »
A suivre…
Christine Gilguy