Après un faux départ en 2015, la plateforme de streaming musical Deezer a finalement sonné le gong de son entrée à la Bourse de Paris le 5 juillet à 9h. La licorne française, arrimée à I2PO, holding détenue notamment par la famille Pinault, souhaite désormais partir à la conquête des États-Unis. Explications.
Sept ans après une tentative avortée à la suite de « conditions de marché » jugées défavorables, Deezer s’est lancé dans le grand bain de la Bourse de Paris le 5 juillet. La plateforme de streaming musical, valorisée à plus d’un milliard d’euros (Md EUR), a réussi son introduction à la Bourse de Paris via un véhicule d’investissement (Spac) I2PO, fondé par la famille Pinault, l’homme d’affaire Matthieu Pigasse et Iris Knobloch, ancienne dirigeante de WarnerMedia et future présidente du festival de Cannes. Ce Spac a déjà permis de récolter 143 millions d’euros.
Lancé en 2007, Deezer revendique seulement 30 % du marché en France, et ses 9,6 millions d’abonnés ne pèsent que 2 % du marché mondial du streaming musical, loin derrière le géant suédois Spotify (31 % de part de marché), Apple, Amazon et Tencent, selon le cabinet Midia. En 2021, l’entreprise française est dans le rouge avec une perte de résultat de 123 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros.
Aller marcher sur les plates-bandes des Américains
La stratégie de la licorne est simple : aller marcher sur les plates-bandes des Américains et doubler ses revenus d’ici 2025. Ce qui n’est pas pour déplaire au gouvernement français.
Car comme l’a souligné Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, qui était présent à l’événement, « tout combat est un combat culturel. On ne doit pas laisser la place aux Netflix, Amazon, Disney et Google, qui sont de très belles réussites. Nous devons faire mieux car derrière ces technologies et cette puissance économique, il y a un enjeu culturel ; celle de croire à nos contenus, à notre imagination, à nos films, à notre cinéma, à notre musique… C’est un combat sur ce que nous sommes en tant qu’européens, comme français, allemand, espagnol, avec notre culture ». Et d’insister : « je n’ai aucune envie de voir la France, et demain le continent européen, submerger par une culture, certes respectable, mais qui n’est pas la nôtre ».
Des premiers pas difficiles pour Deezer, avec une action qui chute de – 26 % à 6,29 euros, à 14h, à la Bourse de Paris. (mise à jour: le titre Deezer gagnait + 0,45 % à 5,87 euros, jeudi 7 juillet à 11h, à la Bourse de Paris).
Claire Pham