Le Zimbabwe s´est encore un peu plus enfoncé dans la déroute en 2008.
Des chiffres macro-économiques récents et fiables sont quasi inexistants : le PIB ne cesse de chuter depuis 2000 et aurait encore perdu 6,1% en 2007 ; l´inflation serait de… 231 millions % sur les 12 mois à juillet 2008 ! À noter que, suite au renforcement des sanctions internationales, l´allemand Giesecke & Devrient a suspendu, en juillet, la fourniture de billets de banques à la Banque centrale.
À cette situation politique et économique exceptionnelle, s´ajoute la crise internationale. Ainsi, dans le secteur minier, Bindura Nickel Corp. (filiale du sud-africain Mwana Africa) a annoncé fin novembre fermer les mines de nickel de Trojan et Shangani en raison de la chute des cours internationaux et de problèmes opérationnels. BNC est la seule opération intégrée de nickel (mine, fonderie, raffinerie) d´Afrique. Sa production minière avait chuté de 26% en 2007, à 4 200 t. La production aurifère nationale a aussi baissé, à 2 624 kg, sur les sept premiers mois de l´année. Une situation catastrophique car l´or représente le tiers des recettes d´exportation du pays.
Mais le Zimbabwe devrait voir sa production de platine (numéro deux mondial derrière l´Afrique du Sud) croître de 5,9% en 2008, à 180 000 onces. Impala, le plus important investisseur minier étranger du pays, continue à y investir. Sa prédominance pourrait être mise à mal par Anglo Platinum qui juge le Zimbabwe comme stratégique à son expansion et y développe une mine dont la production démarrerait d´ici deux ans.
De son côté, le groupe d´investissement britannique LonZim (détenu à 20% par Lonrho) a déclaré fin juin 2008 parier sur le pays. Il a levé 65 millions de dollars pour investir dans des domaines divers allant de l´aviation, aux imprimeries, en passant par les TIC (Celsys).
Dans la téléphonie, sans surprise, l´opérateur national ne parvient pas à être privatisé et le second opérateur cherche des fonds. La croissance des trois réseaux de téléphonie mobile a été ralentie, mais des travaux d´infrastructures sont faits, dont l´introduction de la Troisième génération (3G). Le réseau et les lignes à fibre optique sont en cours de réhabilitation.
Sur la scène politique, suite à la réélection très vivement contestée en juin du président Mugabe pour un nouveau mandat de 5 ans, des négociations ont enfin été entamées. Elles se poursuivaient en fin d´année en vue de la formation d´un gouvernement avec Morgan Tsvangirai au poste de Premier ministre, en vertu d´un accord de partage du pouvoir signé le 15 septembre entre ce dernier, du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), et la Zanu-PF de Robert Mugabe.
Bénédicte Châtel et Anne Guillaume-Gentil