Le Service européen d’action extérieure (SEAE) vient d’annoncer la constitution d’une nouvelle ‘Task force’ chargée de contrer la « campagne de désinformation menée par Moscou, en particulier dans les pays du Partenariat oriental », explique-t-on à Bruxelles. A l’origine de cette initiative peu commune : les pressions répétées des Pays Baltes, les plus directement visés par la propagande russe menée depuis le début du conflit en Ukraine.
Lors du Conseil européen, en mars dernier, les Pays Baltes avaient obtenu gain de cause auprès de leurs homologues de l’Union européenne (UE). Dans les conclusions du sommet, les 28 confiaient à Federica Mogherini, la chef de la diplomatie européenne, la mission d’établir un plan d’action sur la communication stratégique pour contrecarrer la campagne de désinformation de la Russie. « Dans ce contexte, la première étape est la constitution d’une équipe de communication », précisait le document. Cette unité restreinte, sans budget propre, est composée de dix responsables russophones, spécialistes des médias et devrait être pleinement opérationnelle fin septembre.
Ses missions ? Analyser la propagande orchestrée par Moscou et répondre aux besoins des journalistes dans les pays du partenariat oriental, soit l’Ukraine, la Moldavie, la Biélorusse, la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan. « Une réponse disproportionnée face aux moyens colossaux mobilisés par Moscou », déplore un membre de la représentation permanente de la Lettonie auprès de l’UE, dont 40 % de la population est russophone. Il évoque notamment les radiodiffuseurs russes enregistrés au Royaume-Uni ou en Suède et ciblant le public des Pays Baltes. Financés par le gouvernement, ils diffusent en anglais, en espagnol, en arabe, en allemand et en français et sont parvenus à atteindre un public toujours plus nombreux dans les pays membres de l’UE.
« La propagande russe a eu un impact réel sur le public européen », confirme Bruce Stoke, président de l’institut de sondage américain Pew, dans une interview accordée au site EUobserver. Selon une enquête réalisée en juin dernier, un Allemand sur trois et un Français sur quatre, étaient favorables à la levée des sanctions européennes contre la Russie. Dans ce contexte, les Pays Baltes, la Lettonie en tête, continuent à militer pour la création d’une chaîne de télévision en langue russe, financée par l’UE. Envisagée un temps par des hautes responsables à Bruxelles, l’idée a finalement été écartée, l’UE préférant laisser l’initiative aux États membres qui le souhaitent « quitte à débloquer des fonds pour un co-financement européen », confie un proche du dossier au sein du SEAE.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles