Le 8 novembre, l’Union européenne (UE) a signé un accord avec onze pays latino-américains qui met fin à un conflit commercial vieux de vingt ans concernant la banane. Concrètement, l’UE va baisser graduellement ses droits douane à la tonne de 176 euros actuellement à 114 euros d’ici 2017 pour les bananes produites en Amérique latine. En échange, ces onze pays mettent fin à toutes les actions qu’ils avaient engagées auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le contingentement des importations européennes entre les trois zones de production (Amérique latine, Caraïbes, Afrique) est maintenu, ainsi que les facilités accordées au pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). Auparavant, pour apaiser les craintes, l’UE accorde une aide de 200 millions d’euros en faveur de la zone ACP. De même, le 10 octobre dernier, l’UE a débloqué une « aide compensatoire » de 40 millions d’euros réservée à la banane européenne (produite dans les territories appartenant à la France, au Royaume-Uni, à l’Espagne, et au Portugal). Sur ce montant, 18,7 millions reviennent à la Guadeloupe et à la Martinique. Finalement, ce sont les pays ACP qui risquent de pâtir de la concurrence latino-américaine. Pour le moment, ils peuvent exporter vers l’UE sans droits de douane un quota de 875 000 tonnes/an. Or, en 2013, les pays ACP devront renégocier avec l’UE les conditions dont ils bénéficient. Avec des droits de douane allégés, la banane latino-américaine va devenir une concurrente redoutable car elle est bien moins chère à produire (245 dollars par tonne) que la banane camerounaise (354 dollars) et la banane antillaise (506 dollars).
Jean-François Tournoud