Jean-Claude Sitbon est directeur de l’Adeci.
Le Moci. Pourquoi avoir créé la notion de compagnonnage industriel ?
Jean-Claude Sitbon. Nous avons voulu apporter une autre manière d’aborder la coopération Nord-Sud, qui était, à l’époque, institutionnelle et, surtout, l’œuvre d’institutions financières. Cette coopération se résumait à un rapprochement entre les porteurs au sud et les investisseurs au nord. Tous les mois était d’ailleurs annoncé un forum dans ce sens ! Dans nos pratiques de terrain, nous nous sommes aperçus que cette approche s’avérait avant tout porteuse d’illusions chez les entreprises du Sud et que, concrètement, cela ne marchait pas. en outre, ceci ne recouvrait certainement pas la problématique des petites entreprises du nord de la Méditerranée.
Le co-financement doit rester une modalité, pas une fin en soi.
Le Moci. Comment en avez-vous déduit cela ?
J.-C. S. Chez les PME que nous accompagnions, les partenariats se concluaient sans investissement financier. Et, en établissant un bilan de nos actions, il ressortait un dénominateur commun à ces réussites : dans 80 % des cas, ces partenariats étaient le fait d’entreprises du même secteur d’activité. D’où l’idée de notre « Livre blanc du compagnonnage industriel » [en 1994, Ndlr] pour mettre en relation les entreprises de même métier de chaque côté de la Méditerranée.
Le Moci. Pourquoi ce terme de compagnonnage industriel ?
J.-C. S. Compagnon signifie partager le pain, donc souligne la notion de partage mais aussi la dimension humaine de ces partenariats. La maîtrise du savoir-faire passe enfin au premier plan et donc devant le financier.
Industriel, car le partenariat n’est durable que s’il est fondé sur le métier.
Propos recueillis par F. D.