Le MOCI. Les CCIR de Basse-Normandie et de Haute-Normandie travaillent depuis plusieurs années à une mutualisation des forces en Normandie. Où en est ce mouvement de rapprochement des compagnies consulaires ?
Jean-Claude Lechanoine. Nous avançons bien. Depuis un an, les deux Chambres régionales opèrent comme dans une région unique, avec la création du groupement interconsulaire CCI de Normandie que je préside. Mais, juridiquement, ce n’est que le 1er janvier 2016 que la Normandie disposera d’une Chambre unique. Tout ce mouvement de rapprochement s’inscrit dans le cadre de la réforme des Chambres de commerce et d’industrie de juillet 2010. Nous venons de passer une deuxième étape, avec, le 29 novembre, l’annonce officielle d’une nouvelle organisation territoriale. De façon concrète, le groupement chapeaute depuis cette date quatre Chambres territoriales : Le Havre-Pays d’Auge-Fécamp (Estuaire), Rouen-Dieppe-Elbeuf, Eure-Alençon, Caen-Cherbourg-Cotentin-Centre et Sud Manche-Flers-Argentan (Normandie Ouest). Nous sommes dans une logique de regroupement, avec une force de frappe de 1 700 personnes au total. Vous remarquerez que deux Chambres territoriales, en l’occurrence Estuaire, Eure-Alençon et une partie de l’Orne, opèrent à la fois sur la Basse-Normandie et la Haute-Normandie.
Le MOCI. La CCI de Normandie s’est déjà dotée d’un service commun à l’international, CCI International. Pourquoi avoir commencé par les activités hors France ?
J-C. L. Effectivement, CCI de Normandie dispose déjà d’un service commun aux deux régions, CCI International, avec un directeur à Rouen et un directeur adjoint à Caen. Ce dossier a été le plus facile à régler, parce que les responsables de Basse-Normandie et de Haute-Normandie travaillaient déjà ensemble. Dès 2013, de nouveaux services communs seront créés, notamment dans la communication, avec la nomination d’un directeur unique, et dans les achats. Notre expérience est suivie de près par Bercy qui nous soutient. A terme, notre ambition est d’offrir le même service à une entreprise, qu’elle se trouve à Elbeuf, à Caen ou Cherbourg, et au même prix.
Le MOCI. Le 20 avril, est née l’association Buy Normandie que vous présidez aussi. Quel est son objectif ?
J-C. L. L’idée est d’utiliser la notoriété internationale de la Normandie. L’association compte déjà 180 adhérents, entreprises, collectivités ou encore établissements d’enseignement. La marque Buy Normandie existait déjà. Elle était la propriété de l’Association normande des entreprises alimentaires (Anea) dont le président, Bertrand Declomesnil, est aussi un élu de la CCI de Normandie. Nous l’avons reprise et avons associé à la démarche la Chambre régionale d’agriculture Normandie (Cran) et les Chambres des métiers et de l’artisanat de Basse-Normandie et de Haute-Normandie. Les entreprises basse et haute normandes peuvent ainsi s’approprier la marque Buy Normandie, par exemple, sur un salon en France ou à l’étranger. A terme, la marque sera déclinée par produit. Il s’agit de revendiquer notre identité normande et de la vendre.
Le MOCI. Justement, alors que c’est le Made in France qui est vanté, le Buy Normandie paraît décalé, peu dynamisant …
J-C. L. Effectivement, Buy Normandie, ce n’est pas Made in Normandy. Importer des produits de Chine qui seront ensuite intégrés ici ne me pose aucun problème. Ce qui compte, c’est que les volumes, les capitaux, le siège, l’emploi se trouvent en Normandie. Je ne suis pas un intégriste. Ce qui importe, c’est de créer un esprit club avec la bannière Normandie. Par ailleurs, pour les Anglo-Saxons, le mot buy, c’est-à-dire acheter, va bien au-delà du simple achat et de la seule production manufacturière. Il englobe des services, et des valeurs. Aujourd’hui, vendre le tourisme ne suffit plus. C’est facile, tout comme de vanter la qualité de nos produits agroalimentaires. Il faut aller au-delà en affichant nos atouts dans l’aéronautique, ou nos ambitions dans l’offshore éolien et en présentant nos nombreuses pépites, trop souvent méconnues, comme le fabricant de fibres optiques Acome.
Propos recueillis par François Pargny