Quarante ans après la déposition de la monarchie, le régime libyen demeure toujours aussi insaisissable. La décision toute récente d´imposer à toute filiale étrangère d´être dirigée par un Libyen en est une nouvelle illustration.
Jusqu´à présent, les autorités la Grande Jamahiriya (nom officiel de la Libye, dont Mouammar Kadhafi est le Guide de la révolution) se contentaient du fait que leurs ressortissants occupent la place de numéro deux, chargé, en général, des questions administratives. Européens et Américains sont bien décidés à se mobiliser. « Nous en sommes aujourd´hui à rechercher qui a pu pondre cette circulaire », confie-t-on de source française.
Essayer de « savoir où l´on va », tel est le sentiment général à Tripoli. Le niveau d´incompréhension est d´autant plus élevé que la Libye, dont l´économie reste dépendante des hydrocarbures, a un besoin cruel des technologies, du savoir-faire et des ressources humaines de l´Occident. Personne sur place ne parie plus sur l´objectif fixé par le gouvernement à la Compagnie nationale pétrolière (NOC) : porter la production du pays à 3 millions de barils par jour (b/j) en 2013. Depuis 2004, aucune grande découverte n´a été effectuée.
L´enthousiasme des compagnies pétrolières a aussi diminué au fil du temps. Hormis la crise économique et financière mondiale, elles doivent accepter la « libyanisation » progressive des services et des études. Tout comme leur a été imposée la révision des termes de production à l´avantage de la NOC. Aujourd´hui, on pense généralement à Tripoli que la production pourrait s´élever à 2 millions de b/j en 2014, à condition que l´effort d´investissement soit conséquent, supérieur à 35 milliards de dollars.
Dernière affaire en date, la vente de l´entreprise canadienne Verenex à la compagnie China National Petroleum Corp (CNPC), bloquée par la NOC et finalement abandonnée. La société nationale libyenne a fait jouer son droit de préemption pour racheter Verenex.?Cette dernière exploite un bloc à Ghadamès, en partenariat avec l´indonésien Medco. « En fait, Mouammar Kadhafi veut développer à son aise sa politique africaine. Le dirigeant voit donc d´un très mauvais œil l´offensive chinoise visant à puiser dans les ressources du sous-sol sur le continent », commente un diplomate européen.
François Pargny