Le reflux de la demande et la hausse des coûts se fait sentir. Les chargeurs ont révisé à la baisse leurs perspectives en matière de transport de fret, domestique et internationale, selon les résultats de la dernière enquête chargeurs 2022-2023 réalisée par le cabinet de conseil en supply chain bp2r en partenariat avec l’AUTF (Association des utilisateurs de transport de fret). Revue de détail.
Par rapport à l’optimisme qui prévalait dans la même enquête au printemps 2022, le déclenchement de la guerre en Ukraine étant passé par là, le contraste est saisissant : la part des répondants pariant sur une croissance des volumes de fret routier est passée de 75 % à un peu plus de 50 % pour 2022, et la chute se poursuit : pour 2023, ils ne sont plus que 40 % à prévoir une hausse des volumes, contre 60 % anticipant une récession ou une stagnation.
Cette étude* est le fruit d’un sondage effectué du 13 janvier au 17 février auprès de 206 professionnels francophones, en poste au sein d’entreprises donneuses d’ordres.
Amélioration du service mais hausse des coûts
Côté conjoncture, elle est nettement marquée par la flambée généralisée des prix et de son impact sur les coûts.
« La dynamique de ralentissement des volumes est clairement visible en 2022 », relève bp2r dans son étude. En conséquence, en 2022, « les chargeurs ont constaté un rééquilibrage entre l’offre (la capacité de transport), et la demande (les volumes à transporter) et l’année 2023 semble se présenter sous de bons auspices » sur ce point. Seulement 40 % des répondants indiquent estimer que l’offre est en sous-capacité en 2022.
Autre enseignement de l’étude, le service semble s’être amélioré sans toutefois retrouver ses niveaux d’avant crise sanitaire. Avec un taux de reports ou d’annulation de 6,1 % en 2022, contre 6,7 % en 2021 (et 4,5 % en 2019), « la situation s’améliore mais demeure largement ‘anormale’ » constate l’étude. Pour bp2r, « c’est une surprise dans un contexte capacitaire moins tendu et cela démontre que les perturbations de la supply chain demeurent ».
Mais la hausse des coûts constatée par les chargeurs en 2022, dans le contexte de la flambée de l’inflation, est nette et inédite : la hausse des prix du transport a été en moyenne, hors carburant, de + 4,4 % et ils prévoient une hausse de 4,3 % pour 2023.
Les enjeux de coûts
au même niveau que la qualité de service
Dans ce contexte, les priorités des chargeurs ont évolué.
Pour 2023, l’enjeu coûts, quasi-ex æquo avec celui de la qualité de service, fait une montée en flèche dans les préoccupations des chargeurs : son score passe à 3,6/5 en 2023 (3,2/5 2022, talonnant la qualité de service qui recule à 3,7/5 pour 2023 (4,2/5 en 2022).
Il est vrai que d’après les résultats de l’enquête, « les principales attentes des directions générales vis-à-vis du transport de marchandises sont, selon les répondants, à 55% d’assurer le service et d’éviter les ruptures et à 37% de contenir voire réduire les coûts ».
L’enjeu RSE (Responsabilité sociale et environnementale) continue à progresser également, atteignant un score de 2,7/5 pour 2023. L’étude estime que cette progression est liée à la « concrétisation des perspectives réglementaires ». En revanche, la transformation digitale, avec un score de 2,1/5, apparaît moins « primordiale » cette année.
« Pour 2023, les chargeurs s’attendent à moins de tensions, aussi bien en domestique qu’à l’international, conclut Xavier Villetard, directeur associé de bp2r, cité par le communiqué. Mais il n’est pas certain que cette anticipation soit tout à fait une bonne nouvelle : elle traduit tout simplement leurs forts doutes quant aux volumes à transporter ». Par ailleurs, les résultats du sondage confirment selon lui que « nous sommes dans un contexte de chasse aux coûts », faisant craindre au dirigeant une baisse des investissements dans le transport bien que cette activité « s’inscrive désormais au cœur des stratégies Supply Chain ».
C.G
*L’enquête est téléchargeable sur le site de bp2r : cliquez ICI