Simon Hampton, directeur en charge des politiques publiques européennes chez Uber, était au Parlement européen (PE) mercredi 1er juillet. Objectif ? Rallier à sa cause un maximum d’eurodéputés avant la présentation, par la Commission européenne, d’un projet de régulation d’un secteur en pleine évolution, mais encore très peu réglementé : celui de l’économie du partage.
« Nous travaillons de manière intensive pour boucler nos propositions cette année », confiait récemment Elzbieta Bienkowska, la commissaire au Marché intérieur et à l’industrie. La régulation ne vise bien sûr pas uniquement Uber, mais également d’autre applications comme AirBnb, un site d’hébergement chez l’habitant en concurrence avec le secteur hôtelier. « Nous avons besoin de règles homogènes dans toute l’Europe. Une régulation appropriée devrait harmoniser les opportunités et les risques », précise la commissaire polonaise.
Un certain nombre de membres de la Commission seraient « plutôt positifs » par rapport à la société californienne, note un proche du dossier au sein de l’exécutif européen. En février, Violeta Bulc, la commissaire aux Transports, estimait en effet que « les services fournis par Uber répondent aux attentes d’au moins une partie de la population », et que l’économie du partage avait « le potentiel de rendre l’Europe plus efficace ».
Plaintes contre la France, l’Allemagne et l’Espagne auprès de l’UE
Actuellement, la start-up américaine est interdite en Allemagne et fait l’objet de procédures judiciaires en France, aux Pays-Bas et en Espagne. En réponse, Uber a déposé des plaintes auprès de l’Union européenne (UE) contre la France, l’Allemagne et l’Espagne. Pour les responsables, au sein de la compagnie, de telles initiatives enfreignent la législation de l’UE sur la concurrence et le marché unique.
Entre ces procédures judiciaires et un lobbying intensif, tant à la Commission qu’au PE, Uber espère tirer son épingle du jeux en pesant de tout son poids sur l’élaboration d’un cadre réglementaire à l’échelle de l’UE. « Nous ne sommes pas contre les règles, au contraire, mais nous voulons des règles qui soutiennent les industries innovantes », indiquait Niall Wass, vice-président de la start-up, lors d’une précédente visite au PE le 22 avril dernier.
Invité par les groupes des Libéraux et Démocrates (ALDE) – largement favorable à la cause d’Uber – dans le cadre d’une conférence sur l’économie numérique, Niall Wass soulignait les efforts déployés par sa société pour développer l’aspect ‘partage’ du service d’Uber. L’idée serait d’autoriser un chauffeur à prendre et à déposer plusieurs passagers sur un même trajet. « Notre vision ultime, c’est que davantage de personnes partagent ces véhicules, et que la congestion globale des routes diminue », concluait-il, à l’issue de cette opération séduction auprès des élus européens.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
Pour prolonger :
–Services de transport VTC : Uber pousse la Commission à envisager une régulation à l’échelle de l’UE
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