En repli depuis le début de l’été, le marché du fret maritime reste atone en pleine « peak season » qui précède traditionnellement la période des fêtes de Noël. En cause : un surstockage des distributeurs et la baisse de la consommation aux États-Unis et en Europe. Mais les taux pourraient repartir à la hausse, selon Upply.
Les chargeur respirent enfin. A 1779 dollars par conteneur EVP (équivalent vingt pieds) au 21 octobre, l’indice SCFI (Shanghai Containerized Freight Index), qui suit les tarifs spot pratiqués au départ de Shanghai, est loin des 5000 dollars par conteneurs enregistrés en début d’année. Cette décrue des tarifs de fret, amorcée au début de l’été, met ainsi fin à 18 mois de flambée et de pénurie de conteneurs sur fond de crise sanitaire.
« Les grandes enseignes de la distribution ont procédé à des reconstitutions importantes de stocks en 2021 et au début de 2022, analyse la plateforme de comparaison des taux de fret Upply dans son dernier baromètre. Pour l’instant, sur fond de ralentissement de la consommation, cette marchandise disponible en Europe permet de satisfaire la demande dans des délais attractifs. »
Guerre en Ukraine, inflation galopante, remontée des taux de crédit, incertitudes sur l’avenir…. Les consommateurs européens semblent en effet tétanisés. En France, après un léger rebond en août, l’indice de confiance des ménages a à nouveau baissé en septembre et renoué avec son plus bas niveau depuis 2013.
Le chargeurs doivent rester vigilants
Si les distributeurs, en particulier américains, ont surstocké avant l’été pour anticiper les effets de la pandémie en Chine, toujours arcboutée sur sa politique zéro-Covid, la tendance pourrait s’inverser d’ici à la fin de l’année. « Les grands distributeurs pourraient se retrouver en situation de devoir procéder tous au même moment à des commandes massives, si les stocks repassent sous des niveaux susceptibles de faire rater des ventes », estime Upply.
En outre, une reprise des commandes de la grande distribution pourrait coïncider avec la mise en place par les compagnies maritimes de programmes d’annulation d’escales (blank sailing) pour contrebalancer ce ralentissement économique. Pour Upply, « la sécurisation des profits 2022, aussi bien du côté des compagnies maritimes que de la grande distribution, est donc un cocktail explosif qui peut assez facilement faire repartir le balancier des taux de fret maritime dans l’autre sens ». Les chargeurs doivent donc se montrer vigilants dans la gestion de leurs chaînes d’approvisionnement.
Enfin, si le fret maritime est moins coûteux, il n’est pas plus rapide. Dans les mois à venir, le délai moyen entre l’envoi d’une commande à un fournisseur asiatique et la mise à disposition de la marchandise en Europe devrait toujours osciller entre 100 et 120 jours, contre 40 à 50 jours avant la crise sanitaire.
Sophie Creusillet