Le transitaire français 100 % digital Ovrsea, startup dont les opérations ont décollé durant la crise du Covid, s’attaque au marché américain en ouvrant un bureau à New-York. Son ambition : y conquérir des parts de marché grâce à son offre de services « agile » et « pragmatique » aux chargeurs.
« Nous sommes convaincus que dans un contexte de pénurie, le marché élimine les petits, analysait Arthur Barillas, fondateur et dirigeant d’Ovrsea, devant quelques journalistes le 9 mars. Et plus le marché est segmenté, plus il y a d’opportunités pour des acteurs comme nous ».
De fait, tous ces éléments sont réunis actuellement aux États-Unis : une pénurie de capacités de transport, de main d’œuvre et de stockage qui engorgent les chaînes d’approvisionnement mondiales, et un marché américain segmenté, avec pas moins de 110 000 « freight forwarders » (en France, ils ne sont que quelques milliers), et quelques acteurs digitaux qui émergent, à l’instar de Flexport.
Quelque 55 millions d’équivalents EVP – 10 fois le volume des ports français- passent chaque année dans des ports américains actuellement totalement engorgés, comme le sont également les aéroports.
Déjà 300 transports réalisés en un mois
Ovrsea, qui joue à plein les synergies avec son nouvel actionnaire majoritaire Bolloré Logistics pour naviguer dans ce contexte compliqué pour tous les chargeurs, n’a toutefois pas décidé de traverser l’Atlantique sans quelques atouts en poche.
« C’était déjà notre deuxième marché hors de France, on y a accompagné toute une série d’entreprises à l’export, notamment de la cosmétique française », soulignait Arthur Barillas, citant par exemple Caudalie ou Filorga. Depuis sa création en 2017, Ovrsea a ainsi réalisé 5000 transports vers les États-Unis pour 145 clients.
Mais ce sont les destinataires de ces expéditions qui, de fil en aiguille, auraient apprécié l’efficacité des outils digitaux mis à leur disposition par Ovrsea, comme le tracking. « Les destinataires ont commencé à venir nous solliciter. Mais pour bien servir le marché américain, il faut être sur place ». D’où la décision d’ouvrir un bureau à New-York.
Ovrsea, qui pense avoir recruté 20 personnes aux États-Unis d’ici à la fin de l’année, compte jouer à fond sur son ADN d’acteur agile est pragmatique. Vous voulez expédiez une palette de rouges à lèvres via l’aéroport John F. Kennedy engorgé, au risque d’accumuler retard risques de pertes ? « Nous conseillerons au client de passer plutôt par un aéroport secondaire, Philadelphie par exemple, quitte à prévoir une prise en charge ensuite par la route ». Le client y gagnera en temps, en sécurité pour sa marchandise, et donc en argent.
Depuis le 1er février, cette implantation est opérationnelle. « 300 transports ont été réalisés à l’international en Un mois » se félicitait le jeune dirigeant, en précisant que cela représente 10-15 % de ses volumes globaux mensuels. Son objectif : atteindre les 1000 clients aux Etats-Unis d’ici 2025 pour un volume d’affaires facturé de 100 millions de dollars et un effectif de 200 personnes.
Christine Gilguy