Avec la hausse des volumes et l’augmentation des capacités, le coût du transport aérien poursuit son érosion mais à un rythme moindre. Malgré ce ralentissement, le secteur du fret aérien ne devrait pas pour autant renouer avec la croissance dans un avenir proche, estime la plateforme spécialisée Upply.
Au cours du premier semestre, les taux de fret ont baissé de – 10,7 % à – 51,1 % en fonction des corridors par rapport aux six premiers mois de 2022, selon les données compilées par Upply. Si cette évolution en glissement annuel semble spectaculaire, en particulier sur l’axe Asie-Europe, les taux moyens demeurent supérieurs à leur niveau prépandémique, note la plateforme de gestion du fret.
Toujours est-il que la chute des volumes transportés combinée à la croissance des capacités, amorcée il y a plusieurs mois, continue de faire baisser le coût du transport aérien.

La combinaison de la chute des volumes et de la croissance des capacités, qui marque le secteur depuis plusieurs mois, continue à produire ses effets sur les taux de fret. Entamée il y a 16 mois, la diminution du trafic mondial de fret a culminé en janvier dernier à – 16,8 %. Elle s’atténue depuis mais sans pour autant mettre un terme à cette tendance baissière. Sur les six premiers mois de l’année, le trafic, exprimé en tonnes-kilomètres de fret (FTK) a en effet fléchi de – 8,1 % pendant que les capacités augmentaient de 9,9 %, selon les chiffres de l’IATA (International Air Transport Association).
Baisse de la demande mondiale de fret
Pour le seul mois de juin, le trafic s’est élevé à 20,2 milliards FTK, accusant une baisse de 3,4 % par rapport à juin 2022 et de 2,4 % par rapport à la moyenne de 2019. Sur les mêmes périodes, les capacités ont progressé de 9,7 % et 3,7 %. « Cela reflète les ajustements stratégiques de capacité que les compagnies aériennes effectuent dans un contexte d’affaiblissement de la demande », souligne l’IATA.
Sur l’ensemble du premier semestre 2023, la demande mondiale de fret aérien a en effet baissé de 8,1 % en glissement annuel et de -8,7 % pour les seules opérations internationales. Les opérations internationales ont quant à elles baissés de 3,7 %. Certaines routes ont cependant enregistré des augmentations, comme les axes Moyen-Orient / Asie et Moyen-Orient / Europe, qui ont respectivement progressé de 1,8 % et de 2,1 % en glissement annuel.
En outre, la contraction de la demande internationale s’est atténuée sur les marchés Europe-Amérique du Nord et Asie-Amérique du Nord, souligne Upply. Sur le premier axe, la contraction atteint 2,7% en juin, contre des baisses à deux chiffres au cours des trois mois précédents. Et sur le second, le repli s’élève à – 5,4% en juin, soitune nette amélioration par rapport aux – 24,2 % de janvier dernier.
Vers de nouvelles contractions du trafic
« L’évolution positive de la demande de fret aérien sur la voie commerciale Europe-Amérique du Nord a eu un impact sur les compagnies aériennes d’Amérique du Nord, qui ont enregistré une baisse de 3,3 % en juin en glissement annuel, bien inférieure à la contraction de 8,1 % enregistrée en mai. Les compagnies aériennes européennes ont également bénéficié de cette tendance, avec une diminution de 3 % en juin, contre 7 % le mois précédent », précise l’IATA. La situation est plus difficile pour les compagnies aériennes d’Asie-Pacifique qui font aujourd’hui face à une forte baisse du marché intra-asiatique.
La faiblesse de la demande fait craindre à Upply de nouvelles contractions de l’industrie mondiale du fret dans les mois à venir. Baisse de l’indice PMI des directeurs d’achat de la production manufacturière, de celui des nouvelles commandes à l’exportation, des stocks toujours hauts combinés à une demande faible, des échanges internationaux en repli… « Pour l’instant, les taux de fret aérien dépassent encore les niveaux prépandémiques, observe Upply. Mais les compagnies vont devoir gérer l’atterrissage en maîtrisant les capacités. »
Sophie Creusillet