Alors que le secteur aérien redécolle après deux ans de pandémie, l’assureur Allianz Trade (ex-Euler Hermes) vient de publier ses prévisions des grandes tendances de l’aviation. En 2022, et pour la troisième année consécutive, les compagnies européennes ne devraient pas être rentables. Explications.
Allianz Trade a publié le 4 juillet son analyse du secteur aérien et anticipe une hausse des prix des billets d’avion proposés par les compagnies européennes. Selon l’assureur, les prix devraient bondir de + 21%, entrainant une hausse de 102 % du chiffre d’affaires des entreprises du secteur.
Mais « cela sera insuffisant pour empêcher les compagnies aériennes européennes de connaître une troisième année consécutive de pertes nettes pour – 9,7 milliards de dollars (Md USD) », précisent les experts. Et elles ne devraient pas être rentables avant 2023.
Toujours l’année prochaine, les analystes tablent sur une progression de + 23 % du chiffre d’affaires, un retour aux chiffres observés avant la crise sanitaire.
Pour information, en 2020, les pertes du secteur étaient de – 137,7 Md USD, contre – 42,1 Md USD en 2021.
De plus en plus de vols annulés
Face à la forte hausse du prix du kérosène, les compagnies aériennes européennes pourraient annuler de plus en plus de vols pour protéger leurs marges. En 2020, le contexte de pandémie avait cloué au sol près des deux tiers de la flotte d’avions commerciaux. Les compagnies avaient été forcées de réduire leurs coûts drastiquement, notamment en suspendant les dividendes et en diminuant les investissements au minimum.
De plus, la masse salariale représente 25 % du chiffre d’affaires (contre 19 % pour le kérosène). En 2021, les compagnies européennes ont réduit leurs effectifs de – 8 %, alors que les effectifs des compagnies nord et sud-américaines ont gonflé de + 14 % sur la même période. On comprend mieux pourquoi les compagnies européennes semblent avoir peu d’intérêt à résoudre, à court terme, les problèmes de manques d’effectifs auxquels ils font face, soulignent les experts de l’assureur.
La transition verte : prochain enjeu du secteur
A plus long terme, Allianz Trade alerte sur la transition verte, prochain enjeu de taille auquel les compagnies du secteur auront à faire face. « Les opérateurs, qui produisent 85 % d’émissions de CO2 de moins et qui sont détenus par les Etats, donc soutenus financièrement, font figure de véritables concurrents pour les acteurs de l’aérien », analyse l’assureur.
Avant la pandémie, les compagnies aériennes et ferroviaires détenaient chacune 50 % du marché avec 118 Md EUR de revenu annuel. Une rupture s’est opérée en 2020-2021, au profit des entreprises ferroviaires avec 70 % de part de marché contre 30 % pour l’aérien. Une période particulièrement difficile pour les compagnies aériennes low cost, dont 38 % du chiffre d’affaires proviennent des long-courriers, trajets qui ont le plus soufferts pendant la pandémie. A l’inverse, les compagnies des chemins de fer n’ont quasi aucune activité en dehors de l’Europe. Elles ont ainsi déjà retrouvé les niveaux de revenus d’avant la crise.
Par ailleurs, les nouvelles régulations environnementales européennes, concernant le sustainable aviation fuel (carburant durable d’aviation), auront un impact certain sur les marges des compagnies aériennes, ce dernier « coûtant 2,5 fois plus cher que le carburant actuel », précisent les analystes.
C.P.