L´industrie française du luxe France, qui représente entre 25 % et 35 % du marché mondial a bien résisté à la crise mondiale, mais laisse apparaître certains signes de faiblesse auxquels il faut remédier. Tel est le constat dressé lors d´un colloque organisé le 15 septembre à Bercy par la Direction générale de la compétitivité, de l´Industrie et des services (DGCIS).
Savoir-faire, créativité, notoriété des marques… L´industrie française du luxe est, de loin, le leader mondial. Mais pour traverser la crise, ses entreprises ont dû procéder à des ajustements dans leur processus de fabrication. Ainsi, Clarisse Reille, Médiateur des relations interentreprises industrielles et de la sous-traitance, a expliqué que certaines marques de luxe jouent un jeu dangereux en voulant simplifier leurs modèles pour qu´ils reviennent moins chers à la fabrication.
D´autres ont tenté d´envoyer leurs maquettes (ou prototypes) à l´étranger, notamment en Asie, pour les faire fabriquer à moindre coût. « Erreur stratégique », affirme Frédéric Mathon, directeur général Mathon, spécialiste de la joaillerie, et président de l´Union française de la bijouterie, de la joaillerie, de l´orfèvrerie et des perles. M. Mathon y voit une perte du savoir-faire français : « Il faut se rapprocher des pays émergents pour vendre le produit de luxe mais pas pour le fabriquer ».
Les consommateurs sont en effet friands de produits de luxe estampillés made in France. Une carte qu´il faut continuer à jouer, en particulier dans les pays émergents qui constitueront 35 % du marché mondial du luxe en 2015, selon une étude d´Eurostaf.
Le marché du luxe se voit donc confronté à un dilemme : il doit s´adapter au modèle économique industriel tout en conservant le travail à petite échelle de l´artisan. M. Mathon affirme qu´il est nécessaire de fédérer les ateliers de production pour les sortir de leur isolement et les renforcer : « Il faut rapprocher les sous-traitants des donneurs d´ordres et réveiller la solidarité dans ce secteur qui compte principalement sur la créativité et le l´innovation de ses artisans joailliers, maroquiniers, selliers ou stylistes ».
Alix Cauchoix