« Les chiffres, ils sont mauvais, c´était prévu pour une année 2009 qui faisait suite à trois très bonnes années suivies d´une année de retournement en 2008 ». Pierre Marol, président du Cisma (Syndicat des équipements pour la construction, les infrastructures, la sidérurgie et la manutention) et par ailleurs P-DG de Alstref Automation, a bien résumé la tendance, en 2009, pour une industrie qui a été frappée de plein fouet par la crise : une production en chute de 43 % , des exportations en recul de 37 % , et un excédent commercial qui a fondu à 380 millions d´euros, soit une chute de 33 % par rapport à 2008.
Le Cisma, qui présentait ses résultats le 8 avril, regroupe les industriels de la mécanique dans trois grands domaines d´activité : les équipements pour le BTP, les engins de manutention et enfin les équipements pour la métallurgie. Le retournement de la demande mondiale, pour cet ensemble qui exporte 69 % de sa production, a été dévastateur mais à des taux variables selon les domaines d´activité.
Les équipementiers du BTP, qui exportent à 50 % en Europe et dont les principaux clients sont les loueurs de matériels, ont vu leur production et leurs exportations chuter chacune de 46 %. Ils n´ont évité une chute plus forte que grâce au dynamisme des marchés du pourtour méditerranéen et du Proche et Moyen-Orient.
Dans la manutention, la production a reculé de 42 % mais ce sont surtout les équipements servant des marchés à cycles courts comme la construction (nacelles, chariots…), dont les principaux clients sont des loueurs, qui ont souffert, ceux fournissant des secteurs à cycle long (distribution, rayonnage, etc.) ayant mieux résisté grâce à l´inertie des carnets de commandes.
Les exportations de la manutention ont globalement moins souffert, avec un recul de « seulement » 27 %, car le dynamisme des pays émergents (Moyen-Orient, Amérique latine) a compensé la chute des marchés occidentaux (-51 % pour la seule Union européenne). Enfin, pour les équipements de la métallurgie, dont les clients se trouvent dans les secteurs aéronautiques et l´automobile, ils ont vu leur production reculer de 33 % et leurs exportations de 35 %.
Pour 2010, le Cisma est prudent : « Nous ne nous attendons pas à un rebond mais à une stabilisation du marché, voire une légère amélioration », a souligné Pierre Marol, précisant que « sur le premier trimestre 2010, on n´assiste pas à une reprise marquée des nouveaux investissements ».
Par secteur, dans le BTP, où les déstockages sont terminés, « tout dépendra de la rapidité du lancement des grands projets d´infrastructures » et de la reprise économique mondiale. Dans la manutention, une année de stabilisation voire de légère amélioration est anticipée pour les matériels à cycles courts alors qu´une baisse de l´ordre de 15 % est attendue pour les équipements à cycles longs. Les attentes sont plus optimistes dans les équipements pour la métallurgie, notamment grâce à la vitalité des investissements chinois : une croissance de 15 % est anticipée sur ce segment.
Globalement toutefois, le Cisma a voulu faire passer un message optimiste en mettant l´accent, lors de sa conférence de presse, sur les efforts faits par ses adhérents en matière de maintien des effectifs et des capacités industriels en France. Des efforts qui passent aussi par la R&D et l´innovation dans les services apportés aux clients, sources de valeur ajoutée et de différenciation sur le marché mondial. « Les membres du Cisma ont la particularité d´être des PME qui ont une certaine éthique : les effectifs ont peu diminué, malgré la crise, et elles continuent à investir dans la R&D », a témoigné Jacques Bachmann, président de Noremat.
Signe des temps : le prochain congrès européen des professionnels des matériels de BTP, prévu en octobre 2010, aura pour thème la vision du marché européen à l´horizon 2020 dans le contexte mondial actuel, avec, comme axe de réflexion, le développement des services.
Christine Gilguy