Au Moyen-Orient, seuls l´Iran et la Turquie ont une industrie automobile. De son côté, l´autre géant local, l´Arabie Saoudite, aimerait diversifier son économie en créant sa propre usine de montage automobile. De fait, le Royaume wahabite présente plusieurs caractéristiques qui en font un marché dynamique pour l´automobile : un pouvoir d´achat (14 655 dollars par habitant), une population suffisante (27 millions d´habitants), et jeune (les deux tiers des Saoudiens ont moins de 24 ans), l´absence de transports en commun, ou la facilité à contracter un crédit pour un achat automobile.
Le parc automobile saoudien compterait plus de 2 millions de véhicules et rien que l´entretien génèrerait un chiffre d´affaires de 2,5 milliards de dollars avec la vente annuelle de 4 millions de pneus et 1,5 million de batteries. L´année dernière, les ventes ont augmenté de 5% pour atteindre 540 000 unités. Selon certaines sources, les ventes annuelles d´automobiles neuves pourraient passer de 676 000 cette année à 880 000 en 2013. En revanche, le marché de l´occasion est entravé par certaines règles qui rendent plus compétitifs les pays voisins, notamment le Qatar.
Avec un litre de super à 0,11 euro et un diesel à 0,06 euro, autant dire que les conducteurs privilégient les gros véhicules. Côté saoudien, on apprécie beaucoup les immenses Chevrolet au joli nom de «Caprice Classic» ou les immenses 4×4 pour passer les week-ends dans le désert. Côté expatriés, du moins les plus nantis, c´est le 4×4 luxueux qui remporte les faveurs. Les plus petits modèles pourraient avoir du succès auprès d´un public féminin. Mais il faut rappeler que les femmes n´ont pas le droit de conduire en Arabie Saoudite.
L´Arabie a toujours rêvé de produire sa première automobile «Made in Saudi Arabia». Le 21 juin dernier, a été présenté au Roi un concept car en fibre de carbone conçu par les étudiants de la King Saud University. Dénommé Ghazal 1 (Gazelle 1), le véhicule de type 4×4, et rappelant le Nissan Patrol, a été conçu avec plusieurs groupes comme Motorola, Mercedes-Benz et Magna Canada. Selon l´université, la part saoudienne serait de 90% dans la conception et de 60% dans la fabrication. Il est adapté aux conditions climatiques locales avec notamment un châssis séparé. Moyennant un investissement de 500 millions de dollars, la production pourrait démarrer dans deux ou trois ans pour atteindre ensuite 20 000 unités par an. Mais encore faut-il que des hommes d´affaires saoudiens estiment le projet rentable, à moins que les autorités en fassent une priorité, ce qui n´est pas encore le cas.
Jean-François Tournoud