Alors que les matières premières de base voient leurs prix redécoller, la Proparco, filiale de l´Agence française de développement (AFD), a publié dans sa revue «Secteur Privé é Développement» une étude sur le secteur minier africain. Premier constat, au fil des années, la part africaine de la production minière mondiale est passée de 16,66 % en 1990 à 10,12 % en 2009.
Cela tient au fait que pendant ces deux décennies, ce sont surtout l´Asie (24,22 % en 2009), l´Amérique latine (21,37 %), et plus marginalement l´Australie (12,03 %), qui ont profité le plus des efforts d´exploration. En effet, sur la décennie 2000-2009, alors que les dépenses d´exploration des sociétés minières plafonnaient à 15 % en Afrique, elles étaient autour de 25 % en Amérique Latine, en un peu en deca de 15 % pour la seule Australie.
En 2005, les principales productions minérales de l´Afrique étaient le platine (77 % de la production mondiale), le cobalt (56 %), le diamant (46%), le manganèse (39 %), le palladium (31 %), l´or (21 %), l´uranium (16 %), et la bauxite (9 %). A l´échéance 2015, le continent devrait conforter sa part dans ses premières productions : platine (78%), cobalt (60 %), manganèse (57 %), diamant (57 %), palladium (34 %), or (22 %), uranium (22 %), et bauxite (15 %). Elle sera ainsi incontournable dans les quatre premières.
On peut y ajouter des minerais rares comme le coltan, un minéral composé pour moitié de tantale, extrêmement résistant à la corrosion. Il est indispensable pour toute l´électronique (qui absorberait 60% à 80% de la production), dans l´aéronautique (facilite l´alliage cobalt-nickel utilisé pour les réacteurs), les échangeurs de chaleur, et les machines de coupe ou de tournage. Or la région du Kivu détient entre 60 et 80 % des réserves mondiales
Selon la Proparco, cette augmentation de la part africaine pour plusieurs minéraux stratégiques est due au fait que le secteur minier africain, jusque-là dominé par des entreprises publiques à bout de souffle, a été libéralisé. Cela a attiré une multitude de nouveaux acteurs (dont les juniors, qui s´intéressent aux minéraux ou aux régions délaissées par les majors du secteur). La Proparco prédit que les juniors occidentales vont être de plus en plus concurrencées par des sociétés chinoises, sud-américaines, ou indiennes financées par des investisseurs institutionnels et des capital-risqueurs originaires de leurs pays.
Pour l´avenir, la filiale de l´AFD donne quelques conseils. Elle recommande en premier lieu une valorisation des matières premières minières. Ce qui suppose des investissements pour améliorer le réseau d´infrastructures afin de rendre plus attractif le secteur minier africain. Par ailleurs, les Etats africains doivent à la fois faire un inventaire précis de leurs ressources minières, un vœu un peu utopique quand on sait que le minier est une industrie très capitalistique, et se doter d´administrations ayant à la fois des moyens financiers et des cadres expérimentés. Pour y parvenir, elle juge insuffisants les revenus fiscaux que les Etats africains tirent de l´industrie minière. Mais elle prévient que tout ceci sera impossible sans de bonnes pratiques de gouvernance.
Jean-François Tournoud