Portée par la croissance continue des dépenses en matière de santé dans les pays développés, la demande, en volume, de médicaments va continuer de croître à l´échelle mondiale dans les prochaines décennies, indique une étude de l´assureur crédit Euler Hermes. Toutefois, les grands laboratoires mondiaux devront s’adapter à une baisse des prix des médicaments due au développement des génériques, ajoute l’étude.
Facteur principal du développement de la filière pharmaceutique : le vieillissement de la population dans les pays développés. La population des 60 ans et plus devrait progresser de 9 points sur les trente prochaines années pour représenter 19 % de la population mondiale en 2040 contre 11 % en 2010. En France, la consommation de médicaments des 60 ans et plus devrait assurer une croissance annuelle du marché entre 2,4 % et 3,2 %.
En 40 ans, les dépenses liées à la santé ont doublé en Europe de l´Ouest et au Japon, et ont triplé aux Etats-Unis. En 2010, les dépenses de santé aux Etats-Unis représentaient près de 19 % du PIB, au Japon elles s’élevaient à près de 9 % du PIB. Dans les pays de l´OCDE, ces dépenses représentent presque 12 % de leur PIB. En 2012, les pays développés représenteront 70 % du marché pharmaceutique mondial estimé à 918 milliards de dollars.
Malgré leur poids démographique (41 % de la population mondiale), les pays émergents (Brésil, Russie, Inde et Chine) représenteront seulement 16 % du marché mondial en 2012. De ce fait, l´écart important entre le niveau de vie des pays riches et celui des pays émergents ne permettra pas à ces derniers de pouvoir acheter, avant longtemps, des médicaments aux prix fixés dans les pays développés.
Toutefois, explique l´étude d’Euler Hermes, certains facteurs viennent nuancer les prévisions de croissance du secteur pharmaceutique. En effet, devant une délivrance plus accrue de médicaments génériques, encouragée par des politiques publiques, les grands laboratoires mondiaux * voient les brevets de certains de leurs médicaments phares basculer dans le domaine public. Fin 2012, selon l’étude, les médicaments protégés par brevets, qui représentent 20 % du chiffre d´affaires des grands laboratoires, seront tombés dans le domaine du générique. En 2014, cette catégorie de médicaments devraient représenter 17 % du marché pharmaceutique mondial.
En conséquence, les laboratoires seront forcés de s´ajuster. IIs diminueront leurs coûts en supprimant des postes. Ils devront également diversifier leur portefeuille de produits en rachetant ou en passant des alliances avec des sociétés de biotechnologie. Devant la baisse des prix de vente, notamment du fait de la forte montée des génériques, « les laboratoires doivent restaurer d’urgence la productivité de leur R&D, continuer à réduire drastiquement leurs coûts et accroître rapidement leurs parts de marché », conclut Karine Berger, chef économiste d’Euler Hermes.
Venice Affre
*Les dix premiers laboratoires mondiaux sont : Pfizer, Merck, GSK, Novartis, Roche, AstraZeneca, Sanofi-Aventis, Johnson & Johnson, Abbott, BMS.