C’est la triste réalité du sourcing international dans les produits de grande consommation. La tragédie de Savar, dans la banlieue de Dacca, au Bangladesh
– plus de 1 100 morts dans l’effondrement de l’immeuble Rana Plaza abritant des ateliers textile – risque d’entraîner à court terme un transfert massif d’activité de ce pays parmi les plus pauvres du monde vers d’autres pays positionnés sur le sourcing low cost du textile-habillement international. « J’ai reçu six ou sept coups de fil m’informant que beaucoup de textile allait se transférer vers l’Inde, la Tunisie, le Maroc, la Bulgarie ou la Roumanie », confirme au Moci un consultant expert en la matière basé dans le nord de la France, ancien trader lui-même.
L’usine sinistrée travaillait pour des géants internationaux du prêt-à-porter low cost comme les enseignes de grande distribution Walmart, Loblaw, El Corte Ingles, Indetex (Zara) et même Auchan (des étiquettes In Extenso et Camaïeu auraient été retrouvées dans les décombres) et des marques comme H&M, Gap, Mango, Benetton… « Tout le monde savait », soupire cet expert, faisant allusion aux conditions de sécurité précaires dans lesquelles les usines bangladaises opéraient, de nombreux incendies meurtriers ayant eu lieu ces dernières années, dont un juste après la catastrophe du Rana Plaza, qui a fait 8 morts.
L’accord sur la sécurité des usines promus par des organisations syndicales internationales et des ONG auquel se sont ralliés le 13 mai Inditex et H&M (voir sur www.lemoci.com), sera-t-il suivi par d’autres géants occidentaux, notamment américains ? Changera-t-il la donne ? « Quand je travaillais comme trader pour le compte de la grande distribution, les centrales d’achats se contentaient de me faire signer un simple papier attestant que les usines auprès desquelles je me fournissais n’employaient pas d’enfants de moins de 14 ans, poursuit notre interlocuteur. Il se trouve que je veillais personnellement, parce que cela correspond à mes valeurs, à ce que ce soit le cas. Mais personne ne venait vérifier »…
C. G.