Au premier semestre 2009, le produit intérieur brut de la Russie a reculé de près de 11 %. Avec la crise et la fin du pétrole cher, le pays doit compter sur les investisseurs étrangers pour moderniser l´économie et reconquérir son autosuffisance alimentaire.
En dépit des efforts de l´État pour soutenir des entreprises stratégiques dans l´énergie et les matières premières, la crise est profonde et générale. Jusqu´à la fin de l´année dernière, la Bourse de Moscou, dont la santé est liée à celle des valeurs pétrolières, se portait à merveille. Mais depuis, avec la baisse des cours de l´or noir, la manne s´est réduite.
Les investissements publics diminuent, les immatriculations automobiles ont chuté de 60 % en un an, le commerce de détail est tombé de 9 % au deuxième trimestre. Les grandes entreprises font le dos rond, pariant sur l´avenir, en particulier dans l´industrie automobile et la grande distribution. Mais le Kremlin se doit rapidement de relever certains défis, à commencer par celui de la modernisation de son économie. La Russie n´a pas suffisamment investi pour rénover des infrastructures datant de l´Union soviétique. L´ouverture du secteur électrique aux capitaux n´a pas permis, notamment, d´éviter, en août, l´explosion dramatique dans une centrale hydroélectrique en Sibérie qui a fait plus de 70 morts.
Selon Vladimir Skliar, analyste à la banque d´investissement Renaissance Capital, il faudrait de nouveaux investissements correspondant à « un quart des capacités existantes ».
« Pour moderniser les infrastructures, le partenariat privé-public pourrait être une solution », estime Philippe Baudry, le chef des Services économiques en Russie. Fin juillet, Vinci emportait un gros contrat de 1,4 milliard d´euros pour construire et exploiter un tronçon de 43 kilomètres d´une route à péage entre Moscou et Saint-Pétersbourg. « Ce serait une première en Russie, mais certaines modalités du contrat sont encore en discussion », précise prudemment Philippe Baudry. Le partenariat privé-public pourrait-il alors être appliqué à d´autres domaines d´excellence des entreprises françaises, notamment dans les services urbains (adduction, traitement d´eau, etc.) ?
Face à la crise, Moscou a décidé des mesures à caractère protectionniste : hausse de droits de douane, préférence nationale dans les marchés publics, etc. « Toutefois, ce type de mesures était appliqué bien avant la crise, souligne Philippe Baudry. Comme la Russie n´est pas membre de l´Organisation mondiale du commerce, elle entend bien agir à sa guise. » Il y a un an, le ministre de l´Agriculture, Alexeï Gordeïev, annonçait que la Russie devait réduire ses importations de produits alimentaires de moitié pour qu´elles atteignent 20 % du marché.
La Russie veut reconquérir l´autosuffisance alimentaire qu´elle possédait du temps de l´Union soviétique. Une autosuffisance élargie au matériel agricole. Cette volonté au plus haut sommet du Kremlin doit profiter aux investisseurs déjà implantés, comme Bonduelle et Danone, mais aussi aux nouveaux arrivants.
François Pargny