Pour la première fois, les autorités russes ont reconnu que leur pays était entré en récession. Mardi 17 février, Andreï Klepatch, le vice-ministre de l´Economie, a annoncé prévoir un recul de 2,2 % du PIB pour 2009 alors que les précédentes prévisions tablaient sur une baisse de seulement 0,2 %.
Chute de la production industrielle (-16 % sur un an), resserrement du crédit, retour du troc (y compris entre entreprises), hausse du chômage (à 7,7%), grogne sociale, dépréciation du rouble… L´économie russe semble s´être figée après huit années de croissance ininterrompue.
Dixième client de la France avec 7,02 milliards d´euros d´exportations en 2008 (+ 24,4 % par rapport à 2007), la Russie constitue un débouché de premier plan pour les exportateurs français. En particulier pour les acteurs du très lucratif secteur du luxe. Parfumerie, cosmétiques, joaillerie, vêtements… 90 % des maisons du Comité Colbert, qui regroupe les principales entreprises françaises du luxe, sont implantés en Russie. Selon l´agence Ubifrance, la Russie représente 7 % (7,5 milliards de dollars) du marché mondial du luxe.
Ce secteur se trouve déjà confronté à de nombreux obstacles. A commencer par un problème de débouchés : les « nouveaux Russes» (expression par laquelle les Russes désignent les nouveaux riches) n´ont plus autant d‘argent. Selon les chiffres parus dans le magazine Finans le 16 février, la Russie a perdu plus de la moitié de ses milliardaires en dollars. Ils étaient 101 en 2008 et ne seraient plus que 49 en 2009.
Autre irritant pour les exportateurs français : le risque d´impayés. Ainsi L´Oréal a cessé de livrer fin 2008 la chaîne de cosmétiques russes l´Etoile (500 boutiques dans le pays), en proie à des problèmes de liquidités.
Sophie Creusillet