La situation actuelle, avec la guerre en Ukraine et les vagues successives de sanctions occidentales, a rendu encore plus difficiles les transactions internationales avec la Russie. Elles étaient déjà compliquées depuis le 17 mars 2014 (annexion de la Crimée), date de la première salve de sanctions de l’Union européenne (UE).
Depuis, les sanctions se sont multipliées et côté russe, le gouvernement a durci les conditions d’accès au marché local par mesure de rétorsion. En cette fin d’automne 2022, la situation ressemble de plus en plus à celle que l’on rencontre dans les transactions avec l’Iran : tellement de sanctions frappent le pays qu’il va devenir très difficile de les « détricoter » dans le cas d’un éventuel retour à la normale.
L’impact des sanctions sur les acteurs économiques russes devraient commencer par se faire sentir progressivement.
De source locale, environ un tiers des entreprises souffrent de la baisse de la consommation locale, de défaut d’approvisionnement et également de manque de personnel suite à la mobilisation.
Depuis mars 2022, huit banques russes ont été déconnectées du système Swift. L’impact de cette exclusion est sérieux : selon les propos du directeur de Swift en Russie, ce pays était le deuxième utilisateur mondial du réseau ! Depuis, ses banques sont revenues au bon vieux telex, ou encore ont essayé d’autres techniques pour contourner cette exclusion.
Par ailleurs, la Russie, copiant la Chine, a entrepris de mettre en place un système alternatif, reliant dans un premier temps les principales banques russes à la Banque centrale (SFPS, relié à la plateforme MIR). Début 2019, plusieurs banques russes ont aussi rejoint le réseau mis en place par la Chine (le CIPS pour Cross Border Interbank Payment System). Dans ce contexte, les défaillances d’entreprises n’ont cessé d’augmenter ces dernières années. Mais les données recueillies nous paraissent sujettes à caution, surtout pour les prévisions à un ou deux ans.
Attention : même si l’on constate un certain recul des impayés sur le marché domestique, conséquence, rappelons-le, d’une augmentation des paiements d’avance, on remarquait hélas de nombreux impayés à l’international, pour les rares exportateurs qui s’aventuraient toujours à travailler avec la Russie sans aucune garantie quelques semaines avant le début de l’intervention en Ukraine. Les entreprises russes ont souvent tendance à invoquer de faux litiges pour retarder le paiement. Le niveau des demandes de recouvrement sur la Russie émanant d’exportateurs prenant des risques inconsidérés pour faire du chiffre restait important avant cette crise.
Rappelons qu’au niveau mondial, crise ou pas, plus de 70 % des opérations commerciales avec la Russie se réalisaient par paiement d’avance ou au comptant.
Localement, on approchait les 85 %.Bien évidemment, dans la conjoncture actuelle, la Russie est classée 7/7 en risque de non-transfert par l’assureur-crédit Credendo.
Tous les assureurs crédits ont réduit drastiquement leurs encours sur ce pays dans les premiers mois ayant suivi le déclenchement de la guerre en Ukraine et les premières salves de sanctions occidentales.
Aussi, compte tenu de la crise ukrainienne et des sanctions économiques occidentales qu’elle a entraînées, compte tenu également du comportement médiocre des entreprises russes en matière de respect des délais de paiement et de la difficulté d’obtenir des informations financières fiables, la plus grande prudence s’impose.
Et surtout n’oubliez pas de soigner la rédaction des contrats.
Pour plus d’informations sur les sanctions, le site de la direction générale du Trésor est une bonne source et fournit un mail contact pour des questions plus précises :
www.tresor.economie.gouv.fr/services-auxentreprises/sanctions-economiques
Contact : [email protected]