Les notes des diffĂ©rents institutionnels et assureurs-crĂ©dit se passent de tout commentaire :l’Iran est bien Ă©videment toujours un risque très Ă©levĂ© pour les exportateurs. Et de plus, selon Credendo, risque de non-transfert maximum : 7/7.Sanctions, oĂą en est-on ? La situation est toujours aussi compliquĂ©e, surtout depuis la dĂ©cision de l’ancien prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump, en mai 2018, de sortir du Programme conjoint d’action global ou Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA), l’accord sur le nuclĂ©aire iranien de juillet 2015. La nouvelle administration amĂ©ricaine n’a pour le moment pas remis en cause formellement cette sortie. On efface tout et on recommence ! Un expert amĂ©ricain Ă©crivait dĂ©jĂ il y a quelques annĂ©es (avril 2013), Ă propos des seules sanctions amĂ©ricaines, une phrase qui reste juste près de dix ans après : « Ă€ cause de l’extraordinaire imbroglio lĂ©gislatif des sanctions contre l’Iran, qui s’accumulent depuis trente ans, sous la forme de dĂ©cisions de politique gĂ©nĂ©rale qui sont ensuite transformĂ©es en lois, les États-Unis sont totalement impuissants pour se dĂ©gager du rĂ©gime des sanctions qu’ils ont eux-mĂŞmes instituĂ©. » Outre leur complexitĂ©, une autre caractĂ©ristique des sanctions amĂ©ricaines est qu’elles ont une portĂ©e extraterritoriale : autrement dit, elles s’appliquent partout, Ă toutes les entreprises.Pour rappel, après le black-out financier dĂ©but novembre 2018, de nouvelles sanctions sont entrĂ©es en vigueur le 2 mai 2019, puis en 2020 de la part des États-Unis. Il est devenu très difficile pour les exportateurs de trouver des banques acceptant les transactions avec les importateurs iraniens, mĂŞme sur des marchandises lĂ©galement autorisĂ©es, et lorsqu’ils en trouvent une, le coĂ»t est très Ă©levĂ©. Pour continuer d’effectuer des opĂ©rations non prohibĂ©es par l’ONU ou l’Union europĂ©enne (UE), ou encore les États-Unis, il faut ĂŞtre curieux, inventif et dĂ©brouillard. Très dĂ©brouillard mĂŞme quand on se souvient d’un article des Échos du 17 mai 2018 : « Les entreprises françaises sous la pression des banques (françaises, c’est nous qui prĂ©cisons…) pour sortir d’Iran. » En clair, plus que jamais, c’est hors de nos frontières qu’il faudra chercher des solutions. L’imbroglio des diffĂ©rentes sanctions internationales pesant sur le pays risque de devenir de plus en plus complexe et inextricable, d’autant plus que les États-Unis non seulement ont rĂ©tabli les sanctions levĂ©es après 2015 mais en ont ajoutĂ© de nouvelles, cette fois-ci liĂ©es aux opĂ©rations de dĂ©stabilisation menĂ©es par l’Iran dans la rĂ©gion (Syrie, YĂ©men…). Le pays reste difficile, notamment en raison de cette prolifĂ©ration de sanctions Ă propos du programme nuclĂ©aire iranien, que ce soit les rĂ©solutions de l’ONU, les sanctions amĂ©ricaines ou les règlements de l’Union europĂ©enne. Attention : de nouvelles sanctions sont apparues cette annĂ©e dans le cadre de la guerre en Ukraine. Le 21 octobre 2022, l’Union europĂ©enne a ainsi Ă©mis de nouvelles sanctions contre l’Iran, suite Ă la fourniture de matĂ©riel militaire, notamment des drones militaires, Ă la Russie !Il demeure difficile de s’y retrouver dans la jungle de ces rĂ©solutions. D’autant plus que rĂ©cemment, certains règlements ont fait l’objet de demandes d’annulations partielles devant la Cour de justice europĂ©enne : demandes basĂ©es sur l’absence de fondements rĂ©els quant aux faits invoquĂ©s. Exemple : le règlement n°945/2012 du 15 octobre 2012, sĂ©rieusement contestĂ© par plusieurs personnes et entitĂ©s boycottĂ©es. Certains observateurs commencent mĂŞme Ă douter non seulement de l’efficacitĂ© de ces sanctions mais surtout des difficultĂ©s Ă©videntes pour en sortir un jour, dans la mesure oĂą certaines contraintes Ă respecter par l’Iran ne pourront jamais ĂŞtre respectĂ©es. RĂ©cemment, un banquier de la City, commentant un nouveau texte amĂ©ricain, disait dans une interview au Guardian : « Certains pensentque le texte est si compliquĂ© qu’il peut dissuader les entreprises de retourner en Iran, tandis que d’autres redoutent qu’il soit sujet Ă interprĂ©tation. » En attendant, ce sont les exportateurs qui sont pĂ©nalisĂ©s par ces sanctions, dans leurs relations commerciales. Un certain flou règne aussi quant aux banques boycottĂ©es et aux autres. En effet, depuis novembre 2007, des banques iraniennes sont boycottĂ©es dans leurs opĂ©rations commerciales, souvent au-delĂ de l’esprit mĂŞme des rĂ©solutions de l’ONU : Sepah, Saderat Iran, Melli Iran, Kargoshaee (Aka Kargosa’i Bank), Arian (Aka Aryan Bank), Mellat, Persia International Bank (PLC). Cela a obligĂ© les exportateurs Ă trouver de nouveaux rĂ©seaux pour leurs encaissements, souvent auprès de pays moins regardants quant Ă l’application des sanctions internationales.Pour compliquer un peu plus les choses, en 2017, en dĂ©pit de la prĂ©tendue rĂ©ouverture, Ă©chaudĂ©es par les amendes records prononcĂ©es contre BNP Paribas, le CrĂ©dit Agricole ou encore Deutsche Bank, de nombreuses banques françaises n’ont cessĂ© de refuser de travailler avec l’Iran et donc confirmer les crĂ©dits documentaires ouverts par des banques iraniennes. On trouve quelques petites banques, absentes du marchĂ© local amĂ©ricain, qui couvrent certaines opĂ©rations, mais pour des montants guère significatifs. C’est Ă l’étranger, particulièrement en Italie, en Allemagne, en Autriche, en Turquie, que les opportunitĂ©s se multiplient. La banque publique française du commerce extĂ©rieur, Bpifrance, a gelĂ© son projet de mettre en place des offres de financement sur l’Iran depuis le retrait amĂ©ricain de l’accord sur le nuclĂ©aire, en mai 2018. Comme l’écrivait Le Mocidans un article publiĂ© le 12 avril 2018 dans sa Lettre confidentielle (« Iran / Export : le nouveau dispositif de financement suspendu au contexte diplomatique »), la mise en Ĺ“uvre de ce projet Ă©tait Ă©troitement dĂ©pendante de l’évolution du contexte diplomatique. DĂ©but 2019, un vent d’optimisme a nĂ©anmoins soufflĂ© dans le monde des exportateurs avec un projet de mĂ©canisme europĂ©en plus ou moins similaire Ă du troc montĂ© par la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne : dĂ©nommĂ©e Instex, cette entitĂ© spĂ©cifique créée par les trois pays (Instrument in Support of Trade Exchanges) a pour objectif de favoriser les Ă©changes commerciaux avec l’Iran dans les secteurs autorisĂ©s par l’accord sur le nuclĂ©aire. Une première transaction a Ă©tĂ© effectuĂ©e fin mars 2020. Mais cet instrument est très controversĂ©, que ce soit en matière de crĂ©dibilitĂ©, de fiabilitĂ© ou mĂŞme de lĂ©gitimitĂ©. On n’en a plus entendu reparler depuis… Pour en savoir plus, aller sur le site du TrĂ©sor mentionnĂ© plus haut et cliquer sur la Foire aux questions d’Instex : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Institutionnel/Niveau3/Pages/23851740-b4ee-4410-a9ac-a3e22e641465/files/adf3220be85a-4084-bc8b-8c9078d2389