L’assureur-crédit belge Credendo a procédé dernièrement à plusieurs modifications de ses évaluations de l’environnement des affaires dans certains pays émergents. Il a par ailleurs procédé à trois changements de notation du risque politique court terme. Revue de détail.
L’environnement des affaires, noté de A à G par Credendo, du meilleur au pire, s’améliore dans cinq pays émergents : la note passe de F à E pour El Salvador, le Pakistan, la Zambie ; elle passe de G à F pour le Nigeria et la Sierra Leone. En revanche, Credendo a dégradé la note pour le Mexique, de E à F, dans le contexte d’incertitude créée par la guerre commerciale du président américain Donald Trump.
Le Nigeria, parmi les principaux poids lourds économiques d’Afrique sub-saharienne, présente un intérêt particulier pour les exportateurs français car il constitue encore l’un de leurs principaux marchés en Afrique au sud du Sahara, malgré une certaine érosion de leur part de marché. Dans un contexte marqué par la forte dévaluation du naira, la monnaie nigériane, en 2023 et un recul des cours du pétrole, qui a freiné les échanges extérieurs de ce pays, les exportations françaises de biens ont atteint 537 millions d’euros (M EUR) en 2024, après 645 M EUR en 2023.
« Le Nigeria a été relevé au deuxième rang de la classification de risque de l’environnement des affaires (F/G), reflétant des progrès prudents dans un environnement économique toujours difficile » commente sobrement Credendo. Mais les signaux positifs se multiplient : les revenus pétroliers se redressent progressivement, la croissance économique devrait atteindre 3 % au cours des prochaines années, le compte courant du Nigeria devrait afficher un déficit limité autour de 2 % du PIB « et, avec l’augmentation des entrées de capitaux, cela devrait maintenir la balance des paiements extérieurs excédentaire au moins jusqu’en 2026 ». Résultat : une « stabilisation » du taux de change du naira (autour de 1600 NGN pour 1 USD), principal facteur explicatif de l’amélioration de la classification des risques liés à l’environnement des affaires.
Reste que le Nigeria demeure un marché compliqué d’accès, présentant un risque pays élevé. L’inflation devrait ainsi rester élevée, autour de 27,5 % selon Credendo, qui estime qu’elle devrait « passer sous la barre des 20 % » à partir de 2026 seulement. Par ailleurs, le pays continue à souffrir de plusieurs facteurs qui plombent son profil de risque : environnement commercial « difficile », insécurité, « fortes » tensions sociopolitiques, violences intercommunautaires, sans oublier « les défis posés à la production pétrolière ».
Concernant les évolutions des risque politique court terme, que Credendo note de 1 à 7, du meilleur au pire, notons que le Tadjikistan bénéficie d’une amélioration de sa note, passée de 4 à 3. En revanche, deux autres pays voient leur note dégradée, tous deux en Afrique : Djibouti, pays très endetté dont les réserves de change ont fondu à 2,5 mois d’importation, passe de 5 à 6, tandis que le Rwanda passe de 4 à 5.
C.G