Dans un environnement de plus en plus incertain sur le plan géoéconomique, l’assureur-crédit Coface a revu à la baisse les notes de risque de quatre pays et de 23 secteurs.
« Un mur de brouillard », a résumé Jean-Christophe Caffet, chef économiste de Coface lors de la présentation de son point trimestriel. Les perspectives mondiales sont en effet plus incertaines que jamais, suspendues aux turbulences politiques et géopolitiques, ainsi, bien sûr, qu’aux décisions américaines en matière de politique commerciale.
« Le scénario central, mais pas le plus probable » de l’assureur-crédit table toujours sur un ralentissement marqué de la croissance mondiale, à 2,2 % cette année, contre 2,8 % en 2024, et un léger rebond, à 2,6 % en 2026.
« La croissance mondiale devrait perdre 0,5 % dans les 18 prochains mois », synthétise l’économiste. Entre les conflits armés, les politiques commerciales nébuleuses, la hausse des défaillances d’entreprises, une consommation globalement atone, une inflation qui n’est pas complètement maîtrisée et des échanges commerciaux transfrontaliers au ralenti, les économies émergentes sont sans surprise les plus vulnérables.
Trois pays de l’Asean déclassés
Dans ce contexte, Coface a procédé au déclassement de trois pays de l’Asean dont la Malaisie (de A3 à A4). La forte croissance des exportations vers les Etats-Unis, portée par la demande anticipée en biens d’équipements avant que l’administration Trump ne fixe sa politique en matière de droits de douane, pourrait persister au deuxième trimestre mais devrait considérablement ralentir ensuite. Le PIB malaisien devrait nettement fléchir lors de la mise en place des tarifs réciproques, notamment en raison des effets secondaires sur ses principaux partenaires commerciaux.
Même topo en Thaïlande (de A4 à B) où les exportations vers les Etats-Unis ont bondi de 25 % au premier trimestre et devraient retomber comme un soufflet. La consommation privée a fortement ralenti, la reprise du tourisme demeure hésitante et les négociations commerciales avec les Etats-Unis restent lentes, avec un risque élevé de non-accord. Les perspectives économiques thaïlandaises se sont également assombries, les autres moteurs de croissance s’affaiblissant.
Fortement dépendant du commerce (la valeur des échanges de biens et de services représente plus de trois fois son PIB), Singapour (dont la cote passe de A2 à A3) subit le ralentissement économique de ses principaux partenaires. En avril, le gouvernement a abaissé ses prévisions de croissance pour 2025 à entre 0 % et 2 %.
Coface a également abaissé la note de la Roumanie (de A4 à B). Malgré la procédure pour déficit excessif dont elle fait l’objet, la Roumanie a vu son déficit public atteindre 9,3 % du PIB, soit le déficit le plus élevé de l’Union européenne. Sur le plan politique, le pays est confronté à l’instabilité et à des signes d’érosion institutionnelle. Cette situation est particulièrement préoccupante, car le déficit courant continue de se creuser, approchant désormais les 8 %.
Les pays de l’Asean, perçus comme d’importants relais de croissance après la crise sanitaire et le repli de la Chine ne sont désormais plus à l’abri.
Sophie Creusillet