Le déclenchement par Israël de « frappes préventives » sur l’Iran le 13 juin et la riposte iranienne ont ravivé l’inquiétude autour du trafic maritime, et notamment pétrolier et gazier, dans la zone. Au centre des préoccupation : le détroit d’Ormuz, au large des côtes iraniennes. Le point dans cet article proposé par notre partenaire La newsletter BLOCS.
La fermeture du détroit d’Ormuz « est à l’étude » et « l’Iran prendra la meilleure décision avec détermination », a affirmé samedi [14 juin] le commandant des Gardiens de la révolution islamique Esmail Kowsari, dans des déclarations à la presse locale reprises par Euronews. La riposte militaire de l’armée iranienne à l’attaque surprise israélienne de vendredi [13 juin] ne serait ainsi « qu’une partie de la réponse » de Téhéran, selon M. Kowsari, par ailleurs député.
La fermeture du détroit d’Ormuz, par lequel transite environ un cinquième du gaz naturel liquéfié (GNL) et un tiers du pétrole mondial transporté par bateau, pourrait créer un choc pétrolier, avec un prix du baril qui monterait à plus de 100 dollars.
« Il est très clair qu’en fonction de l’évolution de la situation, l’économie mondiale peut être impactée, qu’il s’agisse de la production pétrolière ou d’autres sujets, s’est inquiété Emmanuel Macron vendredi soir [13 juin] lors d’une conférence de presse. Compte tenu de l’incapacité de qui que ce soit de se prononcer sur la durée et l’entendue des ripostes, il faut se préparer ».
Une arme de dernier recours ?
En dépit des menaces iraniennes et des capacités militaires de Téhéran à organiser un tel blocage, cette hypothèse demeure néanmoins peu probable, de l’avis des spécialistes cités dans la presse internationale ces derniers jours. Francis Perrin, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), résume bien la pensée générale dans une interview publiée par Challenges.
« Je ne pense pas que les Iraniens bloqueront le détroit, explique le chercheur. Ils pourraient utiliser cette arme de dernier recours si le régime était aux abois. Aujourd’hui, on n’en est pas là. Le régime des mollahs est gravement affaibli, mais n’est pas menacé en tant que tel. Si les Iraniens décidaient demain de bloquer le détroit, les États-Unis ne l’accepteraient pas. Ce serait du suicide, car cette action bloquerait aussi leurs propres exportations de pétrole. Elle handicaperait la Chine qui ne pourrait plus importer du pétrole venant d’Iran et des pays du Golfe. Or Pékin est avec Moscou l’un des rares soutiens de l’Iran ».
Un tel blocage créerait aussi à coup-sûr un conflit régional, dans la mesure où le pétrole qui transite par le détroit est issu, entre autre, de l’Arabie Saoudite et des Émirats arabes unis, et le gaz du Qatar.
Les marchés pétroliers, qui ont bondi vendredi [13 juin] avant de reculer quelques heures plus tard, ne semblent pas non plus s’attendre à une telle issue. L’Iran ne pèse par ailleurs que 3% de la production de pétrole mondiale, dont la moitié est exportée, essentiellement vers la Chine.