Cinq ans après la détérioration des risques politiques à moyen long terme du Brésil, passant de 4/7 à 5/7, le pays, grand bénéficiaire de la hausse des cours des matières premières, sort la tête de l’eau et repasse à 4/7.
Credendo, le spécialiste belge de l’assurance-crédit export dans les pays émergents a annoncé mercredi 31 mai 2022 une réévaluation de la notation du risque politique du Brésil à moyen long terme (MLT), à 4/7. Deux raisons principales : les prix des matières premières toujours élevés et un ratio dette extérieure/recettes du compte courant dont le niveau est au plus bas depuis 10 ans.
Bref rappel des faits : la notation du risque politique avait été précédemment abaissée en juillet 2016 en raison de deux années de récession, à laquelle s’ajoutaient un effondrement des recettes du compte courant, une crise de confiance, et une crise politique causées par des affaires de corruption.
Les prix des matières premières élevés
Le Brésil peut compter sur ses vastes ressources naturelles (combustibles, métaux, denrées alimentaires) dont les prix sont aujourd’hui très élevés. Il est depuis 2007 un exportateur net de combustibles (et principalement le deuxième exportateur de pétrole en Amérique latine –juste derrière le Mexique).
Il est aussi le quatrième plus grand exportateur mondial de denrées alimentaires -dont le trio de tête est composé des États-Unis, suivi par les Pays-Bas et l’Allemagne-, le deuxième plus grand exportateur d’Amérique latine de minerais et de métaux -derrière le Mexique et le cinquième plus grand producteur mondial de lithium et de cuivre.
Ainsi, le déficit public est relativement bas depuis 2020. Pour 2022, il devrait s’élever à -1,5 % du PIB, en phase avec les chiffres des trois précédentes années, mais inférieur à la moyenne de -3 % du PIB entre 2010 et 2020. Selon Credendo, les prévisions à moyen terme devraient se détériorer légèrement et se situer autour de -2 % du PIB.
Seule ombre au tableau, le Brésil étant fortement dépendant de ses matières premières, il est vulnérable à une chute des cours du marché, comme ce fut le cas au second semestre 2014 et en 2008.
Le ratio dette extérieure/recettes au plus bas depuis dix ans
Credendo observe une forte diminution des risques financiers ces dernières années. L’endettement extérieur, autour de 40 % du PIB et 180 % des recettes du compte courant est considéré comme « modéré ».
De plus, 90 % de la dette est constituée de dettes à moyen long terme. Or, le Brésil dispose d’une solide réserve de liquidités, consolidée dans les années 2000. Résultat : à la fin février 2022, ces réserves « couvraient l’équivalent d’environ un an d’importations ». A noter la forte détérioration de la situation budgétaire du pays, qui pourrait impacter la dynamique de la dette extérieure est jugée « extrêmement préoccupante ».
En 2021, le PIB du Brésil a bondi à 4,7 %, contre -3,9 % l’année précédente. En 2022, la croissance économique devrait chuter autour de 0,8 % en raison de l’incidence du durcissement de la politique monétaire des dernières années et de l’incertitude politique à l’approche des élections présidentielles d’octobre prochain. Pour 2023, les prévisions se situent autour de 1,4 %, en raison de la dépendance aux fertilisants russes.
Une inflation élevée depuis 2003
La banque centrale du Brésil (Banco Central do Brasil) lutte contre une inflation autour de 11 % à la fin mars 2022, niveau le plus élevé depuis 2003. Cette hausse s’explique par l’augmentation des prix des denrées alimentaires, de l’énergie, des difficultés dans les chaines d’approvisionnement et des fortes sécheresses qui ont frappé le pays ces dernières années.
Credendo prévoit tout de même une inflation moins importante, autour de 6,7 % d’ici la fin de l’année, grâce à l’appréciation du réal brésilien face au dollar américain, qui devrait atténuer l’augmentation des prix du combustible et des énergies importées.
C. P.