L’assureur-crédit a revu la hausse les notes de l’Espagne, du Portugal, de Bahreïn et du Cap Vert dans son dernier baromètre trimestriel. Si l’économie mondiale a montré d’encourageants signes de redressement au cours des trois premiers mois de l’année, les économistes de Coface se gardent de toute euphorie.
Deux émergents et deux pays de la zone euro. Coface a relevé les notes de risques de Bahreïn, du Cap Vert, du Portugal et de l’Espagne. Ces changements sont révélateurs de deux tendances fortes de l’économie mondiale au début de cette année. Les économies émergentes ont beau devoir ralentir ou retarder leur cycle de baisse des taux pour éviter les écueils d’un rebond de l’inflation via leurs importations, limitant ainsi leur rebond économique en 2024 et 2025, certaines régions vont néanmoins afficher une dynamique positive.
En Asie du Sud-Est, le Vietnam et les Philippines devraient enregistrer des taux de croissance supérieurs à 6 %. Malgré un léger ralentissement, le PIB indien devrait croître de 6 % et celui du continent africain de 4 % avec une accélération de toutes les grandes économies : le Nigéria, l’Egypte, l’Algérie, l’Ethiopie, le Maroc et, dans une moindre mesure, l’Afrique du Sud.
Le retour des touristes redynamise l’Espagne, le Portugal et le Cap Vert
Au Moyen-Orient, Bahreïn, dont la note de risque passe de D à C (« très élevée » à « élevée ») tire son épingle du jeu et a vu son PIB progresser de 2,1 % en glissement annuel au cours des neuf premiers mois de 2023, essentiellement grâce au secteur non pétrolier (80 % de l’économie), en hausse de 3,2 %. L’assureur-crédit anticipe que ce dernier continuera de titrer la croissance du royaume dont les exportations bénéficieront du dynamisme de ses partenaires, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.
Autre pays émergent, le Cap Vert dispose d’une économie solde et régulière qui a enregistré une croissance de 4,5 % en 2023, rythme qui devrait être identique cette année. Son économie bénéficie du renouveau du secteur touristique qui représente 25 % du PIB. D’une part les touristes européens sont revenus et, d’autre part, les investissements se multiplient (hôtels, transports…). Ce regain de dynamisme rejaillit sur la consommation des ménages. De plus, souligne Coface, le pays est une réelle démocratie dont la stabilité rassure. Sa note passe de B (« assez élevée ») à A4 (« convenable »).
Décélération aux Etats-Unis en Chine et rebond dans la zone euro
Le fait que les Européens se soient remis à voyager en 2023 a également bénéficié au Portugal et à l’Espagne où les arrivées de touristes étrangers sont supérieures de respectivement 25 % et 8 % à leurs niveaux prépandémiques. Le reclassement des notes de deux pays de la zone euro n’est pas anodin. Si la croissance des Etats-Unis et de la Chine, anticipe Coface, devrait continuer à se modérer cette année et l’an prochain, l’activité rebondira en zone euro, principalement tirée par l’Allemagne, après deux années de quasi-stagnation.
La note de risque de l’Espagne passe de A3 (« satisfaisante ») à A2 (« peu élevée »). Son économie s’est montrée résiliente pendant les récentes crises et l’activité devrait rester dynamique. La hausse du PIB de 0,7 % au premier trimestre 2024 est déjà plus importante que prévu. L’inflation continue de diminuer et a permis à la consommation des ménages de repartir. L’économie a gagné en compétitivité grâce à la baisse du prix de l’énergie et à l’assouplissement du marché du travail.
Prévisions en hausse
Au Portugal, également reclassé de A3 (« satisfaisante ») à A2 (« peu élevée »), la croissance est également solide (+ 0,7 % au premier trimestre). Certes, l’investissement privé ralentit mais la consommation des ménages accélère grâce à l’augmentation des revenus disponibles. Enfin, dans les années à venir l’activité bénéficiera des d’importants fonds européens (plus de 5 % du PIB au total de 2024 à 2026). Seul pays « rétrogradé » (sa note de risque est passée de C à D, de « élevée » à « très élevée », l’Equateur est confronté à des défis multiples (dette publique, récession technique, importants risques sécuritaires, consommation en berne…).
Au plan mondial, Coface a revu ses prévisions de croissance à la hausse pour 2024, de 2,5 % à 2,7 %, avec une stabilisation en 2025. La croissance modérée des Etats-Unis et de la Chine devrait être compensée par l’accélération de plusieurs pays émergents. L’Europe, dont la croissance du PIB est de 0,3 % au premier trimestre 2024, devrait redémarrer grâce au secteur des services et semble sortie de la récession. Ces bonnes nouvelles ne doivent cependant pas faire oublier les différentes menaces géopolitiques sur l’économie mondiale et la résurgence du protectionnisme. Une escale de barrières protectionnistes provoquerait pour les entreprises une augmentation des coûts et contribuerait à l’inflation.
Sophie Creusillet